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Episode19

Lorsque Ricky ouvrit à nouveau les yeux, il n'y voyait goutte. Ce qui n'est guère surprenant lorsqu'on sait qu'il était venu rejoindre Mike qui lui non plus n'y voyait pas mieux qu'une taupe perdue dans la galerie des glaces un jour d'affluence quelques instants plus tôt. Aussi Ricky tâtonna, comme son collègue auparavant, mais grâce à la précision des appareils de localisation utilisés par le sorcier, il était arrivé assez près de sa cible et ne tarda pas a faire une rencontre frappante avec le mur, repère solide et constant si il en est.

...

Mike hésitait devant la porte de lumière. Non qu'il se doutât d'une quelconque façon du bien fondé de son idée de la franchir, ni qu'il s'interroge sur les petites voix qui avaient surgit dans sa tête au cours de son approche et qui susurraient 'Entre, Humain, entre !', simplement la porte n'avait pas de poignée. C'était aussi bête que ça.

La surface était lisse et d'une texture légèrement liquide, d'une couleur rappelant étrangement la crème anglaise, ce qui dissuada Mike d'essayer de pousser le battant, de peur de passer à travers le rideau et de heurter quelque île flottante montée en neige tapie derrière la porte.

Notre ami était donc là, indécis, arrêté par une bête porte pâtissière, lorsqu'il entendit le bruit caractéristique d'un quidam effectuant une rencontre fortuite et inattendue avec un obstacle invisible mais massif.

...

Ricky jura en se tenant le nez qui saignait abondamment, tachant la combinaison spatiale déjà maculée par leurs aventures pittoresques, il n'avait pas vu le mur avant de se le prendre en pleine figure et ne le voyais d'ailleurs toujours pas. Il tendit le bras afin de ne pas perdre le contact, ce serait idiot de se cogner deux fois de suite sur le même obstacle, aussi traître fut-il.

Lorsque le débit de son nez eu ralenti de manière significative, Ricky fit le point, regardant de part et d'autre du mur auquel il faisait face, il ne voyait rien. A moins que cette sourde lueur là bas... Il mit une main au dessus de ses yeux afin de se protéger d'un soleil imaginaire et examina avec attention ce qui semblait être une porte au bout du couloir dont son mur était un paroie. Il y avait quelqu'un là bas. Quelqu'un qui courait vers lui en criant.

Ricky ne fit ni une ni deux, il partit dans l'autre sens en criant.

...

Mike n'y voyait toujours rien, il remontait doucement le couloir, s'éloignant de la porte, suivant tant bien que mal le mur en gardât sa main en contact avec la parois froide. Il avait entendu un choc suivi d'un juron, mais rien d'autre. Il décida d'appeler.

Le cri qui sortit de sa gorge était rauque et grinçant, les drogues qu'il avait ingurgitées et leurs crapahutages incessants n'avaient en rien épargné ses cordes vocales.

Un cri tout aussi grinçant et guttural retentit à quelques mètres de lui, immédiatement suivi d'un bruit de course et d'un choc sourd accompagné d'une chute. Le mur devait tourner pas loin.

Ricky se releva, le nez encore plus amoché, marmonnant des imprécations incompréhensibles et maudissant les architectes et les maçons de tous les univers du mille-feuille. Ce qui permit à Mike de le reconnaître puis de le héler :

- Ricky ? C'est moi, Mike... Ca... Ca va ?

- Ouais ouais. Répondit Ricky, le nez comprimé afin de limiter l'écoulement de sang, ça va.

- Viens, suis moi, j'ai trouvé la sortie, chuchota Mike, je vais siffloter pour que tu me repère.

Les deux compères se dirigèrent donc vers la porte du pâtissier fou, Mike sifflotant 'le pont de la rivière Kwai' en prenant soin de massacrer chacune des notes mais en respectant plus ou moins le rythme original, Ricky le suppliant de parler plutôt, mais restant ignoré de son compagnon.

Mike commençait à avoir l'impression d'avoir trop marché, il commençait à craindre d'avoir dépassé un embranchement invisible et d'avoir perdu le chemin de la sortie, lorsque la lueur apparu, petit rectangle jaune pâle légèrement brillant. Les deux hommes s'approchèrent avec méfiance, Mike expliqua à Ricky :

- Je l'ai trouvé tout à l'heure, avant que tu arrives, je voulais l'ouvrir mais il n'y a pas de poignée...

Se rendant compte de l'absurdité de sa remarque, bloqué derrière une porte menant peut-être à l'extérieur d'un endroit inconnu par une porte incongrue démunie de poignée, il précisa :

- Enfin, je suppose que c'est la sortie, on n'a rien d'autre de toute façon.

Ricky ne l'écoutait plus, se remémorant les mots du sorcier 'le royaume de la mort'... Cette porte menait sans aucun doute dans son antre, et ils étaient encore dans l'antichambre, il leur restait peut être une chance.

- Nous ne devons pas ouvrir cette porte, nous serions perdus, nous devons tout faire pour rester ici, c'est une chance qu'elle n'ait pas de poignée, ajouta-t-il tout à fait sérieusement.

- Il n'y a pas d'autre sortie, ou nous mourrons aveugles et affamés avant de la trouver. Je préfère encore mourir derrière cette porte que mourir ici à me demander ce qu'il y a derrière cette porte.

Ricky le regarda un instant, réfléchissant à ces arguments relativement censés avant de rétorquer.

- Ce n'est même pas une porte, aucun moyen de l'ouvrir, comment comptes-tu passer ?

Mike le regarda d'un air de défi, puis, se tournant vers la porte, il avança un doigt indécis vers la surface miroitante... Et le trempa dans la crème anglaise.

- C'est bien de la crème anglaise. Précisa-t-il en léchant son doigt, on peut passer.

Sans plus d'explications ou de précaution, Mike s'avança et traversa résolument le rideau de crème anglaise, suivit de près par Ricky qui n'avait aucune intention de rester dehors et mourir d'inanition devant une porte pâtissière.

...

Les deux hommes bondirent sous le coup de la surprise qui leur sauta dessus lorsqu'ils pénétrèrent dans la pièce.

La Mort leur faisait face.

- Salut.

La voix sépulcrale sortit en sifflant de l'abri du capuchon noir qui maintenait le visage dans l'ombre.

Lentement, la créature se leva, dépliant ses membres grinçant dissimulés sous la longue cape noire qui la couvrait.

Elle leva la tête, deux yeux de braises contemplèrent Mike et Ricky, deux diamants brûlants au milieu de l'ombre des ténèbres.

- Bienvenue dans le royaume des ombres.

Les deux hommes restèrent immobiles, leurs yeux virevoltant tout autour de la pièce à la recherche d'une échappatoire, la mort marchait sur eux.

Elle avançait en glissant, en suspension au dessus du sol, elle s'approchait d'eux en ricanant, un terrible souffle glacial surgit de nul part envahi la pièce.

Prenant son courage à deux mains, Ricky s'avança et interpella la créature d'une voix autoritaire :

- Vous vous trompez. Nous ne faisons que passer, nous nous sommes égarés en cherchant la sortie, veuillez nous excuser. Si vous voulez bien nous guider au dehors, nous n'allons pas vous importuner plus longtemps.

La Mort s'arrêta, songeuse, elle regarda les deux hommes, fit un geste brusque qui arrêta immédiatement la soufflerie infernale, puis repris d'une voix moins sifflante :

- Si on pouvait sortir, vous croyez que je serais encore là ? Vous croyez que je m'amuse à effrayer les touristes avant de les envoyer en enfer ou au paradis ? Je ne suis qu'un intermédiaire, et qui fait un boulot de merde, je n'ai aucune envie de rester ici. Seulement la porte là, dit-elle en agita une manche vide vers la seule porte de la pièce, par laquelle Mike et Ricky étaient entrés, elle ne laisse sortir personne.

- Personne ? Jamais ? Aucune chance ? Mais nous n'avons rien à faire ici ! S'indigna Ricky, encouragé par les paroles de la faucheuse.

- Il y a bien...

- Oui ? L'exhorta Ricky.

- Eh bien, un homme un jour, un historien je crois, nous avions discuté, il voulait vraiment ressortir, publier des trucs, il avait du travail en retard me disait-il, et il avait une solution. D'après lui, la porte s'ouvre si on lui offre son coeur ou son âme, elle se contente de l'un ou de l'autre, et vous laisse sortir. Lui il a choisi le coeur, disant qu'il ne vendrait jamais son âme. Ca a marché, la porte s'est ouverte. Mais il ne l'a pas atteinte. J'avais laissé son crâne pour voir si quelqu'un arrivait un jour à le battre, mais vous l'avez déplacé en entrant.

Mike et Ricky se regardèrent, jetant un bref coup d'oeil vers un crâne humain qui avait en effet roulé jusqu'au pied de la table.

- Remarquez, vous êtes deux, si l'en d'entre vous fait dont à la fois de son coeur et de son âme, ça peut peut-être marcher. Précisa la créature, rigolarde.

Dédaignant sa proposition, Ricky enchaîna :

- Au fait, vous pouvez peut être nous aider sur un autre problème : Monsieur Manvussa est très malade, nul sur terre n'arrive à le guérir et...

- Ah, lui. L'interrompit la Mort, il ère depuis un certain temps dans les corridors par lesquels vous êtes arrivés, je l'attends depuis un bout de temps, mais il est strictement incapable de trouver la porte. Avec la vue qu'il a, ça ne m'étonne qu'a moitié.

- Mais vous pouvez sans doute faire quelque chose pour lui ? Le faire sortir du labyrinthe, lui permettre de se réveiller ?

- Ouais, bien sur, c'est mon boulot d'ailleurs. Mais pourquoi le ferais-je ?

- Pour... disons...

- Un pari ? Proposa Mike, si on arrive à sortir d'ici vous le libérez, sinon vous nous gardez tous les trois.

- D'accord, répondit la mort. Après tout, vu ce que je m'emmerde ici...

Restait maintenant à gagner ce pari.

Les deux hommes se dirigèrent vers la porte, Ricky lui adressa la parole et ne fut pas tellement surpris de l'entendre répondre :

- Nous étions venus voir Lucy, nous nos sommes trompés de route pour rentrer, rien de grave. Allons, laissez nous sortir !

- Venus voir qui ?

- Lucy.

- Lucifer ?

Voyant que Ricky allait se relancer dans ses explications, Mike lui coupa la parole en lui faisant signe de se taire.

- Ferrugineux ? Hasarda Mike

- Noeud de marin. Rétorqua la porte sans se démonter.

- Rintintin ? Enchaîna l'homme.

- Tintinnabule ? Tenta la pâtisserie.

- Bulle d'air. Assura Mike.

- Air de rien ? Répondit son adversaire.

- Rien à faire ?

- Fer à cheval.

- Cheval de ferme.

- Ferme ta gu... Commença la porte

- Attention ! Avertit la Mort, pas de ça chez moi !

- Bon, bon, Ferme la porte. Répondit-elle.

- PORTE OUVERTE ! Cria Mike.

- Bien dit ! Renchérit Ricky.

La porte ne répondit rien, sa surface était à nouveau composée de bois normal et tout à fait ordinaire et elle était ouverte.

Les deux hommes se précipitèrent dans l'embrasure, la mort les regarda, assise sur la table depuis laquelle elle avait contemplé la joute.

- Allez-y, elle ne me laissera pas passer, j'ai déjà essayé. Je la bât presque tout les jours à ce petit jeux. Je m'occupe de votre ami Gérard. Adieux.

- Adieux, répondirent les deux hommes alors que la porte se refermait derrière eux, reprenant son rôle de gardien inébranlable.

Nos deux amis viennent d'arracher une victoire in-extremis, ils reviennent sains et saufs dans le monde des vivants. Mais qui va les accueillir là bas ? La Mort tiendra-t-elle sa promesse ? Vous le saurez bientôt...

Billy Bilboquet.