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Whatever...
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Episode13

Mike se leva doucement, l'esprit encore brumeux du sommeil dans lequel il était tombé par surprise. Il se frottait délicatement les yeux, rassemblant ses pensées tout en commençant à marcher au hasard pour se dégourdir les jambes. Il heurta un bras de Ricky, toujours endormis par terre, à demi dissimulé par ce qui semblait être une couche de nuage. Mike se frotta les yeux avec un peu plus d'énergie puis jeta un nouveau coup d'œil au sol. Les nuages étaient toujours là. Une couche blanche cotonneuse montant presque jusqu'aux genoux. Une espèce de vapeur inodore et à température ambiante, si bien qu'on ne la sentait pas, il fallait se baisser ou donner un coup de pied dedans pour la voir réagir comme un nuage normal, à ceci près qu'il était collé à vingt centimètres du sol. Mike continua à marcher au hasard dans la brume basse, laissant traîner ses pieds dans le but évident de déranger l'entité peu ordonnée qui avait mis des nuages là. Il tourna en rond pendant quelques minutes, les mains dans les poches, reprenant peu à peu son rôle de touriste ronchonnant perdu au milieu d'une croisière médiocre qu'il a payé d'avance, puis se plantât devant Ricky, toujours allongé par terre, qui commençait à reprendre ses esprits. Il allait lui balancer une coup de pied amical dans les côtes, histoire de lui rappeler que la station verticale était le signe des individus supérieurs, mais l'autre le pris de vitesse et se leva d'un bond, reprenant ses esprit à la vitesse de la marée montante qui vient de submerger un cheval au galop.

- Où ?...Pourquoi ?...Qui ?...

Mike revêtit en un clin d'œil son plus beau costume d'emmerdeur professionnel avant de répondre

- Ici ; à cause du petit bouton rouge ; toi, moi je me barre.

Et il se dirigea vers une butte nuageuse qui se dressait non loin de là. Ricky acheva rapidement son tour d'horizon, se demandant ce qui rendait son collègue aussi désagréable alors que les derniers événements les avaient plutôt rapprochés. Sa tête était toujours parcourue par une nuée de pensées philosophiques et sociales lorsque Mike se mit à gesticuler dans sa direction, agitant ses bras et ses jambes comme un pantin désarticulé posé sur une machine à laver en mode essorage apocalyptique.

- Viens vite, regarde, là bas ! C'est extraordinaire !

Le spectacle qui émergea de l'abri du monticule cotonneux était en effet stupéfiant. Les mots manquèrent un instant à Ricky, éberlué, qui ne pu que rester ébahi devant une surprise aussi énorme. Les deux hommes restèrent interdits, contemplant avec stupeur le paysage titanesquement inattendu qui s'étendait à leurs pieds.

Car c'était sans contexte l'impossibilité majeure la plus flagrante de ce récit, la contradiction la plus inopinée des principes les plus élémentaires de la réalité qui ai jamais été perpétrée même dans les rêves les plus fou du plus excentriques de mythomanes, la dissonance narrative la plus intemporelle que les mots aient porté depuis que les premiers hommes des cavernes ont commencé à raconter des histoires au coin du feu le soir après une journée bien remplie de chasse et de cueillette.

Il n'y avait rien derrière le monticule d'un blanc cotonneux, rien qu'une plaine blanche et cotonneuse côtoyée par Mike, se tenant les côtes, qui rigolait comme un dément atteint d'une crise aiguë de marration spontanée.

Ricky résista quelques instants, grinçant des dents, contemplant d'un regard violent le ridicule bonhomme en bermuda déchiré confectionné dans une combinaison spatiale qu'une vie complète de blagues vaseuse ne suffirait pas à louer à l'heure, puis décocha un coup de savate bien senti dans le tibia du rigolo qui se tordait toujours de rire dans les nuages. Ce qui eut pour effet de stopper net le rire qui se transforma en un torrent impétueux de jurons variés et colorés assortis de commentaires sur le sens de l'humour des imbéciles en général et des possesseurs de savates en cuir verni en particulier.

Ricky s'était déjà détourné de la source de ces divers désagréments sonores, marchant au hasard entre les petites dunes de nuages qui s'accumulaient ça et là, poussées par le vent. Il était entrain de contourner une butte un peu plus haute que les précédentes lorsqu'il s'arrêta, stupéfié. Il se mit à danser une gigue désarticulée en criant à son collègue de le rejoindre, ce que l'autre se garda bien de faire, maugréant toujours en massant son tibia endoloris. Bien lui en pris, car derrière la dune il n'y avait... rien. Rien que la plaine cotonneuse et blanche, infinie, parsemée ça et là de petites dunes et d'une scène de concert sous dôme dont l'estrade devait faire plusieurs hectares. Bon poids. D'où la gigue effrénée. Et la course éperdue qui s'en suivi.

Légèrement alarmé par les actes désordonnés de son collègue, craignant qu'un virus pathogène virulent accordé sur leur code génétique n'ai été libéré dans l'atmosphère par quelques gang mafieux soucieux de leur porter ombrage, Mike se leva et se dirigea dans la direction opposé à celle dans laquelle son ex-collègue avait fui. Il s'arrêta net en sentant le sol vibrer sous ses pieds.

Un tremblement de terre titanesque, accompagné d'un tremblement de l'air rappelant avec exactitude et brutalité une cohorte de pilotes fous passant le mur du son en file indienne envahi l'atmosphère. En rythme. Un double battement tout les huitièmes de seconde. Le battement assourdissant d'un cœur planétaire.

Il ne fallut qu'un instant à Mike pour courir comme un lapin ayant mangé une tortue en direction de la butte derrière laquelle son collègue avait disparu, le rattrapant avec célérité dans sa course vers le dôme géant duquel sortait le beat d'enfer.

La rave-party géante se répartissait sur plusieurs dizaines d'hectares à l'intérieur du dôme, les étages se succédaient, s'imbriquaient comme dans un mille-feuille trépidant et bruyant d'acier et de carbone, une fourmilière dansante enfumée trouée par les dards lumineux des spots halogènes balayant l'atmosphère.

L'ambiance était saturée de musique, de lumière, d'odeurs et de fumée, un maelström de sensation embrigadait les sens et les emportait dans un tourbillon de folie insondable et violent.

Mike repéra rapidement un bar, il s'installa au comptoir avec l'aisance que confère l'habitude et commanda un verre. Le regard amical du barman le surpris autant que l'absence totale de prix, aucune caisse n'était visible et aucun client ne semblait préoccupé par l'éventualité d'une quelconque rémunération de leur consommations. Un sourire capable d'avaler les chutes du Niagara le jour où il y coulera autre chose que de l'eau s'élargit entre les oreilles de Mike, il but son verre d'un trait et en commanda deux autres.

Ricky se dirigea résolument vers la scène monumentale qui occupaient le centre du dôme, l'atmosphère y était électrique, des étincelles semblaient courir entre les danseurs, se nourrissant de l'énergie obscure les maintenant en vie. Il fendit la foule, se dirigeant vers le centre du podium, le centre de la folie, le centre du monde.

L'un enchaînait les verres, pintes, pichets et tonneaux tandis l'autre enchaînait les danses, swings, tangos, rocks et hip-hop-breaks, les deux étaient perdus dans les limbes du bonheur et de l'oubli, loin des contraintes mesquine de la basse réalité qui nous assaillent chaque jour sans discontinuer, lorsque ils survinrent.

L'un mesurait deux mètres, blanc et blond, des yeux bleus d'acier, une poigne de fer, un costard ébène, l'autre mesurait aussi deux mètre, noir et rasé, des yeux noirs charbons, une poigne de fer, un costard crème, plutôt bien taillé vu la stature du mastodonte qui faisait craquer les coutures rien qu'en songeant à respirer.

Ils abordèrent Mike, affalé sur le comptoir, l'encadrant comme deux piliers s'approchant de concert d'un ballon oublié par l'équipe adverse :

- Monsieur Mike Marshall ?

- Non, moi c'est... Mickey ! Le shéf, le shérif !! Mike n'a pas... il est... pas là. Conclut laborieusement Mike avant de tomber dans les bras du grand blond qui le retint avant qu'il ne chute de toute la hauteur de son tabouret.

- Monsieur Marshall, quelqu'un vous attend, veuillez nous suivre s'il vous plaît.

- Quelqu'un ? Je n'att... personne moi monsieur ! Laissez moi dormir tranquille qu'est-ce que vous croyez je... mes droits !

Mike sombra dans un sommeil comateux ronflant au milieu de la phrase qu'il avait commencé à assembler dans son cerveau, tombant comme un bébé dans les bras du grand blond qui le posa dans un fauteuil en cuir noir profond apparu quelques instants plus tôt. Le fauteuil encaissa le poids de sa cargaison, puis, mu par un signal invisible autant qu'improbable, il disparu dans le plancher, vaquant aux occupations quotidiennes habituelles des fauteuils dans les rave-party.

Les deux malabars enchaînèrent sans traîner sur leur deuxième cible, titubante de fatigue au milieu de la piste, portée par les déferlantes d'énergie qui semblaient surgir des enceintes tonitruantes bondissant tout autour de la scène.

- Monsieur Ricky Rhapsody ?

- CAN YOU FEEL IT ?

- Pardon ?

- AROUND THE WORLD AROUND THE WOHORLD...

- Veuillez nous suivre.

Le grand black posa Ricky sur son épaule et se dirigea vers le bord de la piste, son paquet continuait à gigoter en rythme, apparemment inconscient du détail relatif à son positionnement spatial. Il fut bientôt déposé dans un fauteuil de la même marque que l'autre, qui suivi bien vite le même chemin, c'est à dire que le plancher s'ouvrit à nouveau et il disparu dans le noir terne d'un conduit de métro domestique.

Les deux fauteuils parcoururent les différentes voies, conduits, déviations et bretelles périphériques du réseau souterrain avant de se retrouver immobiles, côte à côte devant une grande porte de bronze. Les massifs vantaux s'ouvrirent, glissant silencieusement sur leurs gonds huilés, laissant un flot de lumière blanche et pure illuminer les deux hommes hirsute et fatigués, avachis sur leurs fauteuils respectifs dans la nuit noire, froide et humide qui les entourait.

Une voix sortie tout droit d'outre-tombe résonna à travers la gigantesque caverne dans laquelle les fauteuils avançaient doucement :

- Bienvenu dans mon royaume, faibles mortels !

Mike choisi ce moment précis pour rejeter sous forme peu ragoûtante une bonne partie de l'alcool qu'il avait ingurgité pendant la nuit, le bruit et l'odeur réveillèrent Ricky qui sursauta hors de son fauteuil, tombant sur le sol dur et froid.

Et alors l'univers disparu.

Attention, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

Billy Bilboquet.