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Episode03

Le plus dérangeant avec les univers qui disparaissent, ce n'est pas vraiment le moment où l'univers disparaît, mais plutôt celui où il réapparaît. Ou plutôt où on réapparaît dans un nouvel univers qui n'a rien à voir avec le précèdent et qui est très souvent beaucoup moins confortable. En l'occurrence il était nettement plus froid, enneigé, parcouru d'un vent glacial qui parvenait à ne pas geler sur place grâce à sa sécheresse légendaire qui lui valait un paragraphe croustillant dans le guide touristique régional en vente chez votre marchand de journaux. Le tout était un rien dépaysant après le petit salon de velours. Mike Marshall prit sur lui d'en faire la remarque à son collègue, tout aussi frissonnant malgré son pantalon long et ses chaussures vernies, qui ressemblait étonnamment à un pingouin dégingandé perdu au milieu de l'immensité blanche, serrant dans ses mains bleutées la liste des courses et la petite boite noire. Mike avait toujours la désagréable impression d'être embarqué dans une chenille folle perdue au milieu des montagnes russes et propulsée par un moteur de fusée emballé, virevoltant le long des courbes et des loopings sans aucun égard pour ses passagers, avec la nette intention de ne pas s'arrêter avant la fin du monde. Leur manière de voyager était pour le moins étrange, même relativement inconvenante aux yeux de Mike qui préférait de loin le confort barbant des trains à compartiments d'avant la révolution des trains à grande vitesse. Le claquement de dents qu'il identifia rapidement comme le sien le tira de ses rêveries, le poussant à parcourir l'horizon du regard. Ce qui ne l'occupa que quelques instants car, à sa grande déception, l'horizon était uniforme, blanc, avec çà et là quelques pics enneigés, blancs eux aussi. Le plus proche motel équipé de l'eau chaude sur le palier devait être à l'exact opposé du globe. Alors que Mike Marshall rêvassait, son confrère et maintenant coéquipier avait déroulé la liste, lisant avec attention et concentration le premier élément de la longue série.

- La lurée est une petite fleur bleue qui pousse dans les crevasses rocheuses sur les hauts plateaux du Tibet, lut Ricky sur un ton professoral, c'est l'une des seules plantes qui puisse survivre dans les conditions de froid extrême que l'on rencontre à cette altitude. Une des molécules contenues dans le pistil est susceptible de convenir à nos besoins. Attention, cette fleur est extrêmement fragile, prenez garde à ne pas la détruire en la prélevant, les spécimens sont rares et très dispersés.

Mike Marshall avait profité de la concentration de son collègue pour lui tourner résolument le dos, espérant ainsi lui faire comprendre que le destin de leur bien aimé directeur n'avait qu'une importance relativement nulle dans les conditions actuelles.

- Michel ? Nous devons trouver une petite fleur, fragile, dans une crevasse, mettons nous au travail voulez-vous, il commence à faire frisquet.

Mike se retourna vers Ricky, prenant bien soin de ne pas laisser sortir les quelques remarques cinglantes et peu diplomatiques qui bouillonnaient dans son esprit, soucieux de ne pas entacher leur relation de franche camaraderie et d'entente cordiale.

- Ecoutez, susurra-t-il, je pense que la meilleure solution pour nous, étant donné la situation de la conjoncture actuelle, les développements futurs que nous pouvons extrapoler et les conditions habituelles de températures et de pression, est très simple.

Sur ces mots apaisants, il s'approcha de son confrère, prenant soin de ne pas laisser la neige rentrer dans ses baskets déjà relativement mal en point, et saisit la petite boite noire dans la main manucurée responsable de tout leurs désagréments passés et à venir.

- Hé ! ? Je me suis porté garant de cet objet, prenez en soin voulez vous ? S'indigna le jeune loup.

- Très certainement cher collègue répliqua Mike avant de poser délicatement la petite boite dans un petit creux et de la piétiner avec le plus grand soin. Voilà... qui... devrait... faire... l'affaire. Marmonna-t-il en recouvrant la zone d'une couche supplémentaire de neige. J'aperçois une colonne de fumée par là bas, sans doute notre meilleure chance de rejoindre la civilisation. Avec un peu de chance nous arriverons juste à temps pour le pot de funérailles de notre bien aimé patron.

Mike Marshall se détourna de son collègue éberlué, et se dirigea d'un pas vif vers l'horizon duquel s'échappait une mince colonne de fumée grisâtre, portée par un vent froid et cinglant sorti d'un congélateur industriel qui devait traîner quelque part dans le coin. Ricky Rhapsody resta un instant interdit devant la réaction brutale et totalement irresponsable du personnage non moins irresponsable qui lui avait été adjoint dans cette mission délicate nécessitant un fort degré de responsabilité, avant de se jeter sur le petit monticule de neige qui avait commencé à geler derechef sans attendre la suite des événements. Il creusa comme un agent immobilier sait creuser pour retrouver les clefs du placard dans lequel il a rangé les clefs des maisons vendues qu'il doit livrer le jour même, écorchant dans ce travail laborieux ses doigts bleuis par le froid, jurant comme un charretier à propos de son collègue irresponsable, promettant à tort et à travers des sorts aussi originaux que désagréables à l'individu en particulier et à tout les importuns en général. Le petite boite noire avait été conçue pour survivre dans des conditions extrêmes de température, de pression, de traitements malicieux et dégradants de la part de tierces personnes et d'utilisation abusive de la part des autres, et n'avait donc subit aucun dommage irréversible sinon un abaissement radical de sa température qui surprit Ricky lorsqu'il manqua d'y laisser la paume de sa main, collée au métal par le froid.

- Ce n'est certainement pas la bonne solution monsieur Marshall, déclara-t-il posément en se redressant, frottant ses mains contre la couture impeccable de son pantalon, nous avons une mission et nous devons la remplir. De plus le village vers lequel vous vous dirigez est sans doute à plusieurs heures de marches et je doute que votre bermuda soit l'équipement le plus adapté à la randonnée en montagne. Nous aurons plus vite fait de trouver une lurée.

A ces mots pleins de bon sens et d'esprit d'initiative autant que de dévouement à la cause de l'entreprise, Mike se retourna, considéra son vis à vis d'un air morne traduisant avec fidélité toute ses pensées envers la cause commune. Le peu recommandable individu avait cependant raison.

Les deux collègues se dirigèrent donc de concert vers un affleurement rocheux, avançant tant bien que mal sous les bourrasque glaciales qui commençaient à leur ébouriffer gentiment les cheveux, cherchant une crevasse propice à la cueillette des lurées. Après quelques tâtonnements hasardeux de la part de Ricky et un désintérêt profond de leur quête de la part de Mike, ils finirent par trouver une zone abritée du vent et des chutes violentes de neiges, tapissé d'un fine couche de lichen nain qui avait l'air d'attendre le premier bus en partance pour des régions tempérées avec toute la patience que le créateur à donné aux entités privées de moyen de locomotion autonome.

- D'après la description des lurées, nous devrions être proches du but, murmura Ricky, les yeux brillants, totalement immergé dans sa quête botanique.

- Que le dieu des lurées nous pardonne notre offense et nous aide dans notre quête noble et chevaleresque. Railla Mike, vous m'excuserez de ne pas vous aider, mon médecin m'interdit la cueillette entre les repas, c'est mauvais pour mon moral.

Sourd aux marmonnements de son collègue en bermuda, Ricky avait retrouvé son sourire aussi éclatant que la neige environnante, les yeux rivés sur une mignonne et délicate petite fleur bleue et blanche délicatement accrochée sur une mignonne et délicate paroi de pierre glacée tapissée d'une fine couche de lichen d'un vert chaleureux et accueillant. Retenant sa respiration avec ferveur, le fringuant produit des meilleures écoles de formation dans les domaines les plus pointus des techniques modernes avança une main tremblante vers l'objet de son attention.

- Je l'ai !

Murmura-t-il à l'attention des spectateurs suspendus à ses lèvres,

- Bravo.

Répondit Mike avec un désintérêt profond qu'il pris soin de faire ressortir dans ce seul mot. La scène poignante aurait pu s'éterniser pour le plus grand bien de l'audience captivée, mais la main manucurée fini par saisir la fine tige, l'arracha de son écrin d'un coup sec, et la mis dans la petite boite noire.

Les deux individus se regardèrent, Ricky Rhapsody consulta la liste fournie par Hal afin de vérifier qu'ils avaient bien récupéré le bon spécimen et tourna son visage victorieux vers Mike. D'un air toujours aussi victorieux, il pressa le petit bouton rouge, attendant que l'univers disparaisse. Il se passa alors ce qui se passe toujours dans ces cas là, rien. C'est à dire que le petit bouton rouge s'enfonça comme prévu dans la petite boite noire contenant la petite fleur bleue, le tout sous le regard victorieux de Ricky Rhapsody et celui, goguenard, de Mike Marshall. Mais rien ne se passa. Le regard de Ricky Rhapsody se fit moins victorieux et même légèrement désappointé, tandis que celui de Mike Marshall se fit légèrement plus goguenard, jusqu'à devenir aussi goguenard qu'un visage franchement goguenard puisse l'être tout en restant respectueux envers son supérieur. Alors, satisfait de son petit effet, l'univers disparu.

Billy Bilboquet.