#
.nouvelles.mmrr.blog.binaries.contact.

whateverwimm
This Is Not An OTBM.
Whatever...
Welcome In My Mind(s).

mmrr:
Apercu
Episode00
Episode01
Episode02
Episode03
Episode04
Episode05
Episode06
Episode07
Episode08
Episode09
Episode10
Episode11
Episode12
Episode13
Episode14
Episode15
Episode16
Episode17
Episode18
Episode19
Episode20
Episode21
Episode22
Episode23
Episode24
Episode25
Episode26
Episode27
Episode28
Episode29
Episode30
Episode31
Episode32
Episode33
Episode34
Episode35
Episode36

#
.nouvelles.mmrr.blog.binaries.contact.

Episode15

Mike et Ricky commençaient à accumuler une certaine expérience en matière d'univers qui disparaissent et qui réapparaissent à qui mieux mieux, aussi se relevèrent ils avec l'aisance relative de quelqu'un qui sait ce qui lui arrive, mais qui sait que ce qui lui arrive ressemble très fort à une fin de cuite carabinée assortie des effets divers et variés engendrés par une machine de destruction automatisée.

L'expérience et la formation des deux hommes ne les aida cependant pas à surmonter le choc brutal qui survint alors.

Ils étaient entourés par une foule hétéroclite et bigarrée, rassemblée dans une immense plaine verdoyante, des tables et des estrades ponctuaient çà et là la prairie piétinée par un nombre effrayant de pieds, de pattes, de pseudopodes et d'extensions motrices de toutes sortes en nombre variable. Le puceron géant était toujours là. Il s'adressa à Ricky avec une expression de douceur attentive propre aux infirmières et aux pucerons argentés :

- Oh, vous vous réveillez enfin ! Je suis désolé, je vous ai fait peur, je n'ai pas l'habitude, vous allez bien ? Je vais chercher un médecin, ou quelques chose à manger... Vous avez soif ?

Ricky contempla la créature avec un détachement remarquable, sans doute dû à sa totale incompréhension de la situation. Interprétant avec vivacité son regard vide et sa mâchoire pendante, l'insecte mastodonte s'éloigna en direction d'une baraque à frites installée au flanc d'une petite colline, il leur cria par dessus son aile atrophiée :

- Ne bougez pas, ne parlez pas aux inconnus, je reviens tout de suite.

Les deux naufragés récurrents n'avaient aucunement l'intention d'adresser la parole à l'un des passants, tous aussi étranges les uns que les autres, qui déambulaient au hasard dans l'immense plaine. La foule bigarrée semblait en effet profiter de l'air pur, chacun bavardait tranquillement avec son voisin, devisait en faisant quelques pas sous le soleil printanier qui brillait paisiblement au dessus de leur têtes, ou de tout autre extension plus ou moins équivalente. Personne ne marchait avec une froide détermination vers un but fixe et immuable, vers un arrêt de métro ou un rendez vous important, personne n'avait de train à prendre ou de d'émission à ne pas manquer, en bref, personne n'avait de montre.

Ce qui était pour le moins étonnant, tout le monde apprend dès son plus jeune âge que la ponctualité est la mère de l'efficacité, que le réveil est l'outil du progrès, que le retard est l'apanage des sots et des feignants et que l'on peut apprendre tout un tas de conneries dans notre plus jeune âge.

Mike et Ricky étaient perdus dans un hébétement béa proche du sommeil profond duquel ils venaient à peine d'émerger, contemplant avec un soupçon de curiosité enrobé d'une épaisse couche de désintérêt immédiat et de fainéantise profonde l'environnement pourtant si inhabituel qui s'agitait autour d'eux lorsque la bestiole revint avec trois cornets de frite. Un dans chaque main, les autres grattant diverses parties de son anatomie insectoïde.

- Tenez, mangez, elles sont préparées selon la recette nationale de votre pays, celle de monsieur Donald, les meilleures du carnaval ! Acheva le puceron avec un grand sourire.

Ricky regardait leur interlocuteur avec un air éberlué tandis que Mike engloutissait les pommes de terres en bâtons plus rapidement que la branche nord des fast-food-unis n'est capable de les produire.

Après avoir diligemment ingurgité sa propre portion, leur sauveur entreprit d'expliquer avec force détails les derniers événements :

- Elles sont bonnes hein ? Banchilo Franchilo est le meilleur marchant de frites du parc, il tient ça de son père, c'est mon père qui m'a indiqué où le trouver, il change souvent d'emplacement mais je sais le pister à présent, je suis capable de le retrouver n'importe où, à l'autre bout du parc si il le faut. Mais ces frites en valent la peine hein ? Reprit-il avec ferveur, à point, salées juste comme il faut, craquantes et moelleuses, les frites parfaites disait mon père, il aimait beaucoup les frites de Banchilo mon père, dieux ait son âme.

Mike profita du silence recueilli qui suivit pour apporter une pierre constructive à l'édifice branlant de la discussion en cours :

- Où sommes nous ?

Le puceron le regarda avec ses grands yeux multi-facettes, sans voix devant une question aussi élémentaire, aussi simple et aussi inattendue. Il regarda autour de lui, écartant les bras et les ailes comme pour englober le paysage vallonné et vert qui s'étendait tout autour d'eux, toujours muet d'étonnement.

- Mais... mais nous sommes dans le Parc !

- Le parc ? répondit Mike d'un ton patient.

- Le Parc, le Parc, oui le Parc, où croyez-vous donc que nous pourrions êtres ? Nous sommes dans le Parc !...

Un silence gêné aurait pu s'établir si l'insecte n'avait pas repris, à nouveau confiant :

- Bien sur, c'est le carnaval, le Parc est bien diffèrent des autres jours, chacun prend un autre rôle, une autre apparence, j'ai beaucoup de chance d'être SuperPuceron cette année, l'an dernier jetais Slimmy Sluggy, la limace géante, je suis resté sous la piscine pendant toute la fête.

Les deux rescapés stellaires se regardèrent, puis leur attention se reporta sur les passants bizarres qui n'en finissaient pas de déambuler sans but sur la pelouse infatigable, ils étaient tous largement aussi déjantés que leur ami le puceron sauveur qui continuait à déblatérer sans se lasser :

- Vous n'êtes jamais sorti de chez vous ? Allons, tout le monde connaît le carnaval, chaque habitant du Parc tire un numéro dans le chapeau du tirage, le chapeau du hasard, le Chapeau d'Astres, chaque numéro y est en double, les paires ainsi formées échangent leurs rôles et leur apparence pendant toute la durée de la fête. Cette année je suis SuperPuceron, ce matin j'ai reçu mon journal, vous étiez dedans, mon sang n'a fait qu'un tour, comme le sang de tout bon justicier lorsqu'il découvre qu'un crime se prépare, j'ai volé à votre secours, je vous ai délivré de la machine infernale et vous êtes arrivés ici, sains et saufs, j'ai endossé avec bravoure et succès la peau de SuperPuceron, il sera fier d'avoir échangé avec Tiny Toby lorsque nous reprendrons chacun notre apparence habituelle.

- Tiny Toby ? Ricana Mike en se glissant dans une brèche de l'élocution de leur sauveur.

Le puceron sauveur de l'humanité rougit violemment, les pattes nouées derrière le dos, il précisa d'une toute petite voie :

- Tout le monde m'appelle comme ça, mon père s'appelait Marcel Tambois, mais personne ne connaît plus mon nom, comme je suis petit, on m'appelle Tiny Toby.

Mike réprima un éclat de rire tonitruant, grandement aidé par le coup de coude que Ricky lui assena dans un souci de respect et de cordialité envers leur hôte.

- Mais je vous ai sauvé quand même ! Tiny Toby est capable de prendre le relais de SuperPuceron sans coup férir, il leur dira, lorsqu'il reprendra son apparence, à la fin du carnaval, ils sauront la vérité, ils sauront qu'ils ne voyaient que ma petite taille alors que je gardais l'héritage de mon père, la force des grands hommes, je suis l'égal de SuperPuceron !

Le gamin hystérique caché dans le corps du super héros de compétition continuait son soliloque à sa propre gloire, mais une épaisse brume semblait peu à peu recouvrir la plaine, enveloppant les collines et les passants, dissimulant l'horizon derrière un voile de plus en plus dense et impénétrable.

Soudain, une main déchira le rideau, elle agrippa la bordure du trou qu'elle venait de pratiquer et tira résolument vers l'extérieur, emportant tout un pan du décors brumeux toujours aussi épais.

Une jeune femme habillée de noir contemplait les deux hommes ligotés sur le mat central de la machine de destruction massive du docteur Lucifer, hors d'état. Les câbles qui retenaient le pylône central étaient noircis et sectionnés, la carcasse de la sphère était cabossée et d'énormes déchirures creusaient par endroit le métal carbonisé. Mike et Ricky contemplèrent leur nouvelle situation avec étonnement, se demandant où étaient passé les passants étranges et la plaine verte du Parc, Tiny Toby et SuperPuceron, mais la ravissante aventurière qui leur faisait fasse ne leur laissa pas le temps de tergiverser.

- Projection Anesthésique Parallèle d'Illusion Grand Angle Transversal avec Exploration des Alternances Universelles. La machine vous a mis hors de combat pendant qu'elle résistait à mon attaque. Suivez moi, ne perdons pas de temps.

La femme se jeta dans le vide, glissant avec aisance vers le sol le long d'une corde qui traînait par là.

Mike et Ricky n'eurent pas d'autre choix que de suivre.

Qui est la mystérieuse aventurière qui vient de sauver Mike et Ricky ? Nos deux héros parviendrons--ils à retrouver Lucy et les Bricks ? A quelle heure est le prochain bus pour Canne ? Vous le saurez dans le prochain épisode !

Et l'aventure continue !

Billy Bilboquet.