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Episode08

Quelle chaleur ! Dans l'esprit de Mike, tout ce qui se rapportait à l'espace, l'exploration spatiale, les missions suborbitales, les fours micro-ondes, était associé à une chaleur d'enfer. Peut-être à cause de cette saloperie de combinaison thermo-régulée réglée sur 'pizza, cuisson rapide'.

Ricky et lui avançaient de concert, portés par le petite voiturette de golf version Star-Trek qui les amenait à une allure d'escargot vers la plate-forme de lancement. Tout le gratin de la KinderElectrics était là, souriant, félicitant chaleureusement les deux futurs héros, agitant des banderoles fournies par le département communication clamant des slogans guerriers ou patriotiques : 'Météores, nous voilà !', 'Jusqu'au bout de l'espace !'. Souriant comme un présentateur de show télévisé à l'enregistrement de la première, Ricky s'agitait comme un triple champion olympique après sa quatrième victoire, serrant des mains dans la foule qui se massait derrière les barrières de protection. Fendant la marée humaine, des journalistes furieux braquaient leurs appareils photos crépitants vers les deux célébrités, tentant de leur arracher un commentaire malgré le mur opaque des agents de sécurité. Arrivés au pied du lanceur, Les deux bibendums blancs descendirent pesamment du chariot, aidés par une nuée de techniciens en combinaison rouge échappés d'un grand prix automobile.

Mac Douglas était là, accompagné de Lunila, Hal avait été téléchargé sur une mémoire périphérique de la navette à bord de laquelle ils allaient prendre place. Leur ex-instructeur les félicita de leur future réussite, leur souhaitant que les dieux de la guerre, du tonnerre et de la mort, qui l'avaient soutenus lors de toutes ses campagnes, les aident à leur tour. Ce à quoi Mike fut tout à fait sensible, bien convaincu que seule une aide divine pouvait transformer un touriste en bermuda délavé en un astronaute capable d'effectuer l'interception suborbitale d'une météorite en fusion.

Après avoir vérifié une dernière fois leur équipement, les fonctions vitales de la navette et du module de forage, ils enclenchèrent le compte à rebours. Hal comptait tranquillement à l'envers, faisant défiler les chiffres correspondants sur un petit afficheur dans la visière des deux pilotes. La situation rappelait douloureusement à Mike qu'ils n'en étaient pas à leur première expérience douteuse. Le compteur atteint zéro. Contre tout attente, le rugissement des boosters de décollage fut immédiat, écrasant les deux astronautes contre les dossiers conçus à cet effet et donnant une vigoureuse impulsion à la navette spatiale, la projetant dans les airs, comme prévu.

Au final, c'est à dire après les interminables semaines de formation militaro-scientifique où l'on transpire toutes les larmes de son corps, le métier de pilote de navette spatial est plutôt simple. On n'a même pas à appuyer sur le bouton pour décoller, l'ordinateur de bord s'en occupe. Il s'occupe aussi de piloter, de discuter avec Houston, de vérifier que la météorite sera bien à l'heure au rendez-vous, de prodiguer les petits conseils d'usage aux passagers et de diffuser une douce musique d'ambiance afin de diminuer le stress. En réalité les pilotes humains sont des machines affûtées aux sens aiguisés et rapides comme l'éclair, décisifs comme la lame d'un scalpel dans les mains d'un chirurgien de pointe, ils sont capable de réagir aux situations les plus délicates en un clin d'œil, surpassant toute machine qui serait encore engluée dans des considérations mathématiques quand la navette serait désintégrée par le feu. En un mot, un pilote ça s'économise pour les situations délicates, dangereuses, imprévues, ou les trois à la fois.

Quelques heures et trois cassettes vidéo plus tard, la navette arriva en vue d'un gros cailloux noir flottant de la vide de l'espace. La météorite p51 était en vue. Hal initialisa les procédures d'approche, se calant sur la vitesse de leur cible, ajustant les paramètres d'abordage. Mike était responsable du forage, il s'installa donc aux commandes de la perceuse géante qui avait été bricolée pour l'occasion par les meilleurs ingénieurs de la nasa, tandis que Ricky s'installait aux commandes de secours de la navette, prêts à palier à toute défaillance électronique, électrique, physique, mathématique ou quantique du bastringue.

- Woody à Pecker, Woody à Pecker, Ricky tu me reçois ?

La voix transmise par le truchement des micros et hauts parleurs haute fidélité grésillait lamentablement dans le casque de Ricky, observant avec attention son collègue qui s'élançait vaillament dans le vide absolu.

- Pecker, 5 sur 5... Enfin, façon de parler, disons que j'entends quand tu parles.

- Hein ? Pecker ? Ouais ok... Bon, j'y vais.

A l'intérieur du module de forage, une ribambelle d'afficheurs haute définition couplés aux détecteurs de progression et aux résonneurs de proximité renseignaient en temps réel le pilote qui se dirigeait au jugé vers la météorite en tripotant les commandes de gaz, insensible à cette débauche de détails superflus.

Le petit module atterri sans encombre sur la surface cataclysmique de la météorite, Mike avait quelques heures pour installer le puit de forage et commencer à creuser, avant que la météorite n'entame son entrée dans l'atmosphère. Lors de la chute il faudrait attendre l'instant exact calculé par Hal avant de prélever un morceau du noyau, et de se carapater dare-dare avant que le tout n'explose, broyé par les forces titanesques de la vitesse et des frottements des couches supérieures de l'atmosphère sur la roche.

Mike entrepris donc de rejoindre le point choisi précédemment, guidé par les grésillements attentifs de Ricky qui surveillait l'évolution de la situation depuis la cabine de pilotage de l'intercepteur. Arrivé dans le petit cratère désolé qui lui servira de camp de base, il ancra le module dans le sol, grosse verrue métallique informe poussée sur la surface carbonisée du cailloux volant, puis initialisa les procédures de forage. Comme précédemment dans la navette, il n'avait plus rien à faire. Il s'assit donc contre un roché idéalement disposé, et entama une petite sieste pour passer le temps.

Cette facilité paraîtra peut être illusoire aux lecteurs n'ayant jamais pratiqué le voyage spatial ou les missions de sauvetage suborbital, il est cependant crucial que chacun prenne bien conscience du rôle des ordinateurs, intelligences artificielles, calculateurs quantiques et autres tableurs numériques dans le pilotage des vaisseaux spatiaux et l'assistance aux astronautes. Si tout va bien, il n'y à rien à faire. Et jusque là, tout se passait comme sur des roulettes chromées avançant tranquillement sur un parquet ciré.

Un grondement sourd réveilla Mike, il consultât d'un coup d'œil rapide et efficace l'afficheur qui clignotait en plein centre de sa visières, clamant en lettres de feu : "DEBOUT !" Le message était clair, il était temps de se remettre au travail. S'étirant un bon coup, le meilleur astronaute de l'astéroïde se dirigea vers le puis de forage, maintenant inerte, au milieu du cratère. La sonde de prélèvement était au fond du puis, prête à creuser sur les derniers mètres afin de remonter une carotte de roche en fusion, but final de la mission. Le grondement qui avait résonné quelques instants plus tôt se fit entendre de nouveau, secouant le sol qui commençait à trembler franchement.

- Pecker ? Ici Woody, Hal me dit qu'il faut que tu te prépare à décoller, l'astéroïde commence à être secoué par l'échauffement des couches tectoniques supérieures en contact avec l'atmosphère raréfiée, embarque et tient toi près.

- Roger, je switch le hub sur le sixième parallèle, prépare toi à un feed-back négatif sur le dériveur central.

Mike rigola comme un gamin, mais ne se le fit pas dire deux fois, il régla la sonde afin qu'elle fasse son office à l'heure dite, un filin tendu entre le module et le puis lui permettrait de la récupérer avant de décoller, sans avoir à sortir sous la pluie de rochers qui commençait à se préparer.

Une fois de plus, le lugubre compte à rebours rouge clignotait avec insistance sur le tableau de bord, désespérément lent alors que le rocher sur lequel il était garé arrivait rapidement à la date limite de consommation. Ils rentraient franchement dans l'atmosphère à présent, le souffle des hautes couches stratosphériques réchauffait drôlement la météorite, la mixture infernale du noyau allait bientôt être à point. En attendant, la surface commençait à ressembler à un tas de cailloux dans une machine à laver, des blocs de plus en plus gros se détachaient du sol pour aller s'écraser un peu plus loin, ou partaient en voltigeant comme les feuilles titanesques d'un arbre de granite format grande taille.

De son coté, Ricky avait de plus en plus de mal à garder la navette dans une trajectoire parallèle à celle de l'astéroïde, la traînée de débris en fusion perturbait les capteurs et le radar, l'entrée dans l'atmosphère rendait la navette incontrôlable, Ricky eu un instant l'impression de piloter un fer à repasser dans une bassine de colle. L'ordinateur de bord recommandait aux passagers de serrer leur ceinture et de relever les tablettes qu'ils avaient devant eux et avisait le pilote que la trajectoire la plus fiable était la ligne droite, ne surtout pas toucher aux commandes, tout changement de cap pourrait ouvrir la navette comme une boîte de conserve géante.

La situation devenait intolérable.

Mike se retrouvait en territoire connu.

Le compte à rebours atteint zéro.

Un petit bip strident alerta Mike, le filin relié à la sonde s'enroulait rapidement, tiré par le puissant treuil de son module, un voyant vert indiquait que le prélèvement avait eu lieu, la capsule remontait des entrailles du caillou, contenant le précieux échantillon. Le module décolla dans la seconde, tirant derrière lui la dernière section du filin qui continuait à s'enrouler, le pilote automatique s'enclencha, propulsant Mike et son fragile habitacle en direction de la navette. Un choc sourd arrêta net l'essor du module. Le pilote jeta un coup d'œil anxieux par le hublot de contrôle situé sous ses pieds. L'astéroïde furieux occupait tout l'espace, le filin tendu entre le module et la sonde retenue par un imprévu reliait Mike à un caillou en fusion qui se désagrégeait avec la dernière énergie.

Dans une telle situation, les ordinateurs ne pouvaient plus rien faire. Mike repensa en un éclair aux paroles de Lune : "Vous êtes notre joker, en cas d'imprévu, seul l'élément humain peut trouver la victoire". L'astronaute réfléchi rapidement, analysant la situation dans ses moindres détails, tenant compte de chaque élément en sa possession, balayant la totalité du spectre des possibles, cherchant avec vaillance la seule issue gagnante.

Quelques instants plus tard, un scaphandre spatial équipé pour les sorties en milieux instable se détacha du module. Mac Douglas avait insisté pour que deux exemplaires des dernières armures d'intervention de l'armée leur soient fournis, en cas d'urgence. C'était un cas d'urgence.

Mike vérifia d'un coup d'œil les indicateurs de son scaphandre, puis régla son arsenal sur l'option 'destruction massive'. Il entra ensuite les cordonnées du filin et de la capsule d'échantillon, le viseur cervo-assisté prendrait donc soin de ne pas abîmer ni le filin ni la capsule, tout en détruisant méthodiquement le reste du rocher. Mike fit feu. Un déluge de mitraille de toute sorte s'échappa de son scaphandre en direction de la masse noire du caillou, frappant autour du point de forage comme des termites kamikazes sur une boule de bowling. Le cataclysme balistique creusa un cratère qui se transforma en quelques instants en un trou gigantesque à travers l'astéroïde, le filin s'enroula avec un sifflement étouffé par l'absence d'atmosphère, la capsule libérée vint s'encastrer dans le réceptacle du module prévu à cet effet alors que Mike regagnait la cabine de commande.

Ricky vit arriver l'unité de sortie, entourée d'un halo de grésillements bleutés formé par les boucliers électromagnétiques de protection qui repoussaient les assauts des micrométéorites, il passa en phase d'interception, activant le champ de stase qui réduisit en partie les frottements de l'atmosphère sur la coque, le bras de transfert saisi le module et le propulsa dans la soute béante qui se referma aussitôt.

La navette, ayant récupéré son deuxième passager et sa précieuse cargaison, indifférente au sort de l'astéroïde qui se désagrégeait rapidement sous les assauts de l'atmosphère, plongea résolument vers la surface bleutée de la planète, visant un petit coin de l'océan pacifique.

Billy Bilboquet.