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La Princesse et le Léopard - Kyrlian 2000
A Lise. Merci à Aurel, Fleur, François, Marco, Mathieu, Olivier, Pascal, Selma et Vitali.

Avertissement : Cette nouvelle n'a pas de fin. Elle se termine, c'est tout.

Introduction
La rosée du matin scintillait le long des herbes hautes qui parsemaient les collines alentour. Au fond de vallée, le village commençait à s'éveiller. Les rumeurs matinales emplissaient le vallon de leur ronronnement tranquille, ponctuées ça et là par le cri d'un coq tombé de son perchoir.
Pif observait Iquito du haut de la montagne. Depuis qu'il était arrivé au Pérou, il avait parcouru plusieurs centaines de kilomètres, courant parfois pendant plusieurs jours sans prendre le temps de chasser. A présent, il avait trouvé l'endroit qu'il cherchait pour se reposer.
Un léopard a besoin de deux choses, de la viande et du sommeil. Beaucoup de viande, et beaucoup de sommeil.

Chapitre I
Après avoir longuement observé le village depuis les rochers qui dominaient la vallée, Pif décida d'aller se promener sur les chemins qui parcouraient le paysage. Il marcha le long des pistes de terre, longeant des champs et des vergers luxuriants, puis s'arrêta sur un rocher qui bordait la route. Un gros rocher blanc et nu qui semblait sorti de terre un jour de pluie, et qui se dressait, seul et unique au milieu de la plaine. Pif escalada le rocher et se jucha à son sommet, assis, humant le vent, il contemplait le chemin qui venait jusqu'à lui.
Au détour du virage qui contournait un bosquet d'arbustes, il vit apparaître une jeune fille qui marchait tranquillement, jouant avec les fleurs et les papillons. La petite fille s'arrêta devant le grand rocher, regardant le Léopard sans manifester la moindre peur. Pif resta immobile quelques instant, puis voyant que la petite fille ne parlerait pas la première, il lui adressa la parole de sa douce voix ronronnante.
- Bonjour petite fille. Comment t'appelles-tu ?
- Mon nom est Solène, qui es-tu ?
- Je suis un Léopard, mon nom est Pif. Je me promène dans la région depuis plusieurs jours. Je n'ai pas mangé depuis longtemps et j'ai faim, pourrais-tu me conduire à ton village et me donner à manger ?
La petite fille l'écouta parler sans sourciller, avant de répondre d'une voix fluette mais posée :
- Sauf votre respect, nous sommes en 52 av-JC, et les Léopards n'existent pas encore. Vous pourriez exister dans une histoire mais alors vous n'auriez aucun besoin de manger.
Pif contempla pensivement la fillette durant quelques instants avant de rétorquer :
- Soit, je serais donc un Léopard Légendaire, le premier léopard de la création, et j'ai faim. Mais j'y pense, en tant qu'animal historique je puis être investi d'un pouvoir magique, comme tout les animaux légendaires. Mon pouvoir sera de créer des quêtes.
- Vous pouvez créer ce que bon vous semble à partir du moment où l'administrateur de l'histoire vous le permet, mais prenez garde à ne pas faire des noeuds dans le scénario, ces choses là sont fragiles.
Sur ces mots pleins de bon sens, la petite fille se désintéressa du rocher et de son léopard, continuant son chemin en sautillant.
Pif le léopard se sentait tout émoustillé de son nouveau pouvoir. Il ne savait pas au juste ce qu'était une quête, puisqu'il n'en existait pas encore à l'époque, mais il pensait cependant que son idée pouvait être sympathique. Il resta toute la journée sur son rocher, réfléchissant aux quêtes qu'il pourrait créer, comme l'avait dit la jeune fille, il fallait concocter des aventures intéressantes et mouvementées, sans quoi le pouvoir perdrait de son intensité. Il essaya donc de construire une première quête, pour expérimenter l'étendue de ses pouvoirs. Le soir venu, il avait mis sur pied un certain nombre de paramètres et de définitions, il avait planté le décor de sa première création. Alors que les premières étoiles apparaissaient, il décida qu'il était prêt pour un premier jet. Il s'installa confortablement sur son rocher, et commença son long discours de création.
Vous comprendrez qu'il m'est ici impossible de révéler quelles sont les incantations et les procédures de création d'une quête, je vais cependant vous narrer les grandes lignes du scénario que Pif créa ce jour là.
Les yeux perdus dans le vague, Pif commença son histoire.
" Ma quête sera intemporelle et jamais achevée, mais elle débutera aux premiers jours du nouveau calendrier, lorsque le temps repartira à l'endroit. Elle sera religieuse et historique, tout les aventuriers de toutes les époques en rêveront, je veux que ce soit une quête légendaire, une aventure que tous voudront tenter. Il faut être bien rêveur pour partir à l'aventure pour une idée, je dois donc concrétiser ma quête par un objet, un objet qui puisse exister à toutes les époques afin que les gens comprennent ce qu'ils cherchent. Disons une bague... Non, les aventuriers sont trop souvent des hommes, un chapeau. Mais un chapeau se dégrade avec le temps, bon, un verre. Voilà, un verre bien solide, en pierre, non en métal, en or, c'est plus sérieux pour un objet légendaire. "
Pif s'arrêta un instant, reprenant son souffle et son inspiration.
" Ainsi les hommes chercheront une Coupe d'Or, une coupe aux propriétés innombrables, celui qui boira dedans retrouvera sa jeunesse, deviendra riche et puissant, sera adulé par ses semblables et exempté d'impôts. "
La quête prenait une forme assez sympathique, le Léopard décida de s'arrêter pour cette nuit là, cette première quête était suffisamment bien définie pour exister par elle-même, il choisi donc de lui donner vie sans plus attendre. Il libéra l'incantation de création dans un ronronnement satisfait, sentant ses directives s'éparpiller dans la brise nocturne, disposant des indices, créant des rumeurs et des mirages qui formeraient au petit matin le gigantesque puzzle de sa première quête. Solène dormait lorsqu'elle sentit les prémices de la quête qui dansaient dans le vent. Elle sourit dans son sommeil en imaginant le majestueux Léopard perché sur son rocher, débitant ses incantations à la lueur des étoiles.

Chapitre II
Le soleil d'été tombait comme un marteau de fer sur la plaine nue, Solène marchait en louvoyant, exploitant la moindre zone d'ombre dispensée par les rochers bruns et ocres qui se dressaient çà et là. Elle rentrait de l'école qui se trouvait dans le village voisin de celui où elle était née. Trois jours par semaine elle faisait l'aller retour, pour suivre la classe du village, apprendre à compter, lire et écrire, connaître le monde et le ciel sur des cartes aux noms multiples. Elle appréciait surtout le chemin qu'elle devait parcourir pour aller de chez elle à l'école, qui serpentait dans la plaine avant de contourner une montagne et de plonger vers le village, dans un vallon voisin. Lors de cette marche quotidienne, elle avait tout loisir d'observer le monde qui s'étendait de part et d'autre du chemin de terre, elle observait le ciel et les oiseaux, pourchassait les papillons et tentait d'approcher les lapins et les marmottes qu'elle apercevait parfois. Mais ce jour là, alors que les petits animaux restaient à l'abris pour se soustraire au soleil rageur, elle était entièrement absorbée par sa recherche des zones ombragées. Elle ne vit donc pas Pif avant de l'entendre ronronner, juste au-dessus d'elle, assis en plein soleil sur un rocher en forme d'oeuf, gros chat noir tacheté sur le rocher blanc comme un pain de sucre.
- Bonjour petite fille, comment vas tu aujourd'hui ?
- Le soleil à pété les plombs, et c'est ce qui va t'arriver si tu restes là.
- En effet, mais je trouvais que c'était plus classe d'attendre au sommet d'un rocher, plutôt que de me mettre à l'ombre comme un vulgaire touriste. Trêve de bavardage petite fille, connais tu mon pouvoir ?
- J'ai écouté le vent, et j'ai entendu ta quête se répandre sur le monde, je l'ai vu se déployer et imprégner le sol et les esprits. Tu as vite maîtrisé ton pouvoir, Léopard.
Pif réprima un sourire en entendant Solène faire des rimes impromptues, puis enchaîna,
- Je suis ici pour toi aujourd'hui. J'ai créé une quête pour les hommes futurs, et ne puis observer son effet et son devenir, c'est pourquoi j'ai décidé de créer une quête aujourd'hui, dans le présent, pour toi.
Solène contempla un instant le Léopard qui cuisait lentement au soleil, puis répondit, d'une voix douce et mélancolique :
- Ainsi le jour est venu. Je suis la princesse Solène d'Iquito, j'ai été créée il y a bien longtemps par un conteur. J'ai le pouvoir de savoir les choses avant qu'elles ne se produisent car ainsi l'a voulu mon créateur, mais la légende dit qu'un autre être a été créé en même temps que moi, qu'il était faible au jour de sa création mais qu'il deviendra un jour grand et fort, et qu'alors mon pouvoir disparaîtra. Cette légende dit qu'un jour je serais enchaînée à mon destin, et que seule je devrai me libérer.
- Bien dit ma jolie. Hormis qu'il n'y a pas de légende, et que tu t'es bien gardé de remarquer que c'est toi qui m'a accordé mon pouvoir, le résumé colle bien. Par contre un détail m'intrigue, c'est quoi cette histoire de voir le futur ?
- Oh, un ajout de dernière minute, mon créateur voulait que je commande aux moustiques, mais je n'aime pas trop les insectes, alors j'ai échangé avec un pouvoir de prévision.
Pif resta pensif, regarda le soleil qui avançait lentement, avant de se tourner à nouveau vers Solène.
- Le jour est venu de rencontrer ton destin, petite fille. Je suis le créateur de quête, et je m'en vais te concocter une aventure aux petits oignons ma mignonne, tu m'en dira des nouvelles !
- Pardon ? Le Léopard cligna des yeux, interrompu par l'injonction de la fillette. Il se lissa les babines d'un coup de langue avant de reprendre.
- Je suis le créateur de quête, et le destin t'a choisi. A partir d'aujourd'hui tu parcourras le monde sans répit, ta quête ne prendra fin que lorsque tu auras brisé les chaînes qui te lient aux légendes. Pars dès maintenant, marche vers le couchant jusqu'à la montagne noire, et ramène moi la bague d'éternité. Va, et ne revient jamais.

Chapitre III
Solène quitta le pays ou elle était née, elle marcha longtemps sur les chemins et les routes, traversant des rivières et contournant des lacs. Elle franchit des montagnes et de plaines, franchit des déserts et brava des tempêtes. Toujours, elle progressait vers le couchant. Chaque nuit, elle contemplait les étoiles, fouillant dans sa mémoire à la recherche des ses pouvoirs disparus, mais ne retrouvant que des lambeaux de souvenirs de ce qu'étaient ses visions de l'avenir. Un jour d'automne, alors qu'elle marchait dans un vallon bordé par une forêt de chênes...
Solène marchait lentement sur l'étroit chemin, observant les sous-bois sombres qui montaient la garde de part et d'autre de la trouée. Arrivant dans une clairière ensoleillée, elle s'assit au bord d'un ruisseau qui courrait doucement entre les herbes et les galets. Alors qu'elle rafraîchissait ses pieds fourbus dans l'eau glacée, un vrombissement sourd envahit le ciel. Une énorme masse noire recouvrit la clairière, les pales brassaient l'air, occultant le soleil dans un battement lourd et régulier. La cime des arbres alentours était pliée par le souffle du puissant rotor dont le rythme faisait vibrer la plaine et les rochers. Les rayons tombaient drus à travers le voile tournoyant qui maintenait en l'air l'énorme masse inerte. Une silhouette se détacha de l'insecte noir, sembla se précipiter dans le vide, puis glissa le long d'une corde qui se déroula sous elle, l'individu chuta vers le sol, agilement freiné par son équipement. Il toucha terre à quelques pas de Solène, dans un chuintement de corde frottant sur les patins qui le freinèrent à quelques millimètres du sol.
- Ca roule ma poule ?
Solène resta quelques instants interdite face à l'apparition qui tombait du ciel, avant de répondre :
- Vous revoilà, c'est gentil de passer me voir.
Pif l'écoutait à peine, s'étant mis en devoir de s'extirper de son harnachement de commando. Il se battait avec les sangles et les mousquetons qui cliquetaient sus ses flancs. Tirant et jurant, il fini par faire tomber à terre le baudrier et ses accessoires, sous le regard narquois de la princesse.
- T'es doué pour la mise en scène, mais l'alpinisme c'est pas ton truc, Luc.
Le léopard esquissa une moue méprisante en direction de la jeune fille,
- Mademoiselle, vous n'avez pas avancé d'un pas en direction du but qui vous a été fixé, je suis venu vous rappeler à l'ordre.
- J'ai pris la route dès les premières heures de ma quête, partant sur les chemins et les sentiers. J'ai marché vers le couchant, ne m'arrêtant que pour dormir et manger. Pourtant aucun indice, aucun signe ne m'a mise sur la voie.
A ces mots, le léopard émis un bref sifflement avant de disparaître dans un nuage de vapeur. Lorsque celui-ci se dissipa, un majestueux volatile blanc le remplaçait. Le cygne parla avec la voix de basse du léopard :
- Tu n'a rien trouvé car tu ne sais ce que tu cherches. A la sortie du prochain village vit un ancien détective privé maintenant à la retraite. Va le trouver, il t'enseignera les ficelles du métier.
Le cygne siffla à nouveau, dégageant l'épais nuage de vapeur, à sa place apparu un fer à repasser flambant neuf. Le vaporisateur thermo-actif sautilla quelques instant avant de faire entendre le sempiternel sifflement qui annonçait la vapeur qu'il dégagea. Pif fendit aussitôt le nuage qui commençait à se dissiper, tentant de garder un air digne alors que Solène éclatait de rire.
- Va maintenant, poursuis ta quête. Si tu as besoin de moi, prend un calendrier.

Chapitre IV
Après quelques secondes, la jeune fille se releva, reposée, et tourna ses pas vers les fumerolles lointaines indiquant le prochain bourg. Ses chaussures légères la portèrent en quelque temps au limites du patelin. Empruntant le périphérique nord, elle accéléra, passa la seconde, doubla un semi-remorque puis, dans une queue de poisson irrespectueuse, pris la sortie suggérée par le léopard. A trois panneaux de là s'élevait une misérable masure entourée d'un jardinet délaissé par son propriétaire. Sur la porte, une plaque était vissée, annonçant piteusement l'hôte de la demeure :
" Bob Talentino, Détective privé. Entrez sans frapper. "
Solène se conforma à la dernière directive sans plus attendre. Dès qu'elle eu franchit la porte, une forte odeur de renfermé l'agressa avant de se dissiper en quelques secondes. L'air frais se faisait rare dans cet antre de vieux garçon où la poussière lutait à armes égales avec la pénombre. Embrassant l'unique pièce d'un rapide regard, Solène aperçut un vieil homme affalé sur un canapé miteux de velours côtelé brun. Eparpillés autour de lui gisaient quantité de livres attendant leur tour. A cet instant l'homme tenait un magazine jauni par le temps, arborant en première de couverture le sourire niais d'une quelconque miss.
- Bonjour monsieur.
- Salut Solène, ça gaze ?
- Je vois que Pif vous a informé de ma visite ! Ou est-ce un fer à repasser qui vous a fait la commission ?
- Je me présente, Bob, appelez moi Bob, tout simplement.
- Bob Talentino, détective privé ? Je suis Solène Iquito, princesse en quête. Pif m'a parlé de vous, ravie de vous rencontrer.
Ses devoirs d'hôte revenant à sa mémoire, Bob laissa tomber son magazine sur une petite table basse déjà jonchée de quotidiens en tout genres.
- Hum hum ! Je suis là pour vous donner quelques bases, les ficelles comme on dit chez nous... Un café ?
- Oui, merci.
Solène laissa dériver son regard à travers la pièce, elle s'approcha de la fenêtre qui perçait le mur de brique rouge. Jetant un oeil au dehors, Elle découvrit la vision vertigineuse d'une gigantesque ville qui perçait le brouillard. Les immeubles s'élançaient à l'assaut des nuages, formant des massifs de granite qui s'élevaient jusqu'au ciel. Etrange, n'était elle pas entrée dans une bicoque délabrée en bordure de nationale ?
- Votre café.
Le détective bourru tira la jeune princesse de ses réflexions.
- Prenez un siège. J'ai été détective, voyez vous, et j'ai appris pas mal de choses. Alors comme ça vous êtes en quête ? Savez vous à quoi ça ressemble ?
- ...
- Non, évidement, je suppose que c'est votre première ! Procédons par ordre. Il y a vous et il y a votre guide, Pif. Evidement, il aurait pu trouver un nom plus spirituel... Il y a Pif, et il y a un but. Une bague n'est-ce pas ?
Solène hocha machinalement la tête
- Classique, vous êtes une fille après tout. Et puis il y a une route, des routes qui mènent au but. Mais la finalité réelle de cette quête est l'accomplissement de soi, certains appellent cela le destin. Je dirais plutôt que c'est un truc un peu alambiqué pour t'aider à te découvrir, toi et ce qui t'entoure, à former ton esprit et ton corps, à connaître le monde et tes semblables. A grandir enfin.
Solène l'écoutait. Plus elle en entendait, plus elle se rendait compte de la difficulté de sa quête. Toujours assise, ses pieds battaient l'air en mouvements réguliers. Ses sourcils froncés trahissaient l'agitation cérébrale qui l'envahissait peu à peu.
- Ne t'inquiète pas tant, tu verrais les yeux que tu fais ! Il y aura des gens pour t'aider. Tu ne les reconnaîtras peut-être pas tout de suite, car pour éprouver les héros on leur présente la pauvreté, la laideur, la saleté et j'en passe et des meilleures. Mais cela fait partie du jeu. Ils peuvent être des humains, des animaux, des objets, ou toute autre créature de Dieu. Ils t'aideront plus ou moins directement. Surtout prend garde à ne point les décevoir, les choquer ou les mécontenter, ils te seront tous très précieux, et inédits, comme le 1er deux titres des Marx Brothers. Voilà, je crois que je t'ai dit l'essentiel. Ah non, un conseil, ce sera le dernier. Ouvre les yeux et les oreilles, sois attentive aux choses et sois courageuse, tu en auras besoin.
Bob le détective se leva pour faire un semblant de ménage, la discussion était close. Solène prit congé de cet étrange bonhomme.
Elle avait entendu beaucoup de choses, son cerveau bourdonnait encore quand elle s'assit au volant de son cabriolet rutilant. Mécaniquement elle enclencha le démarreur, fit ronfler le moteur et bondit à vive allure, à la poursuite de sa quête. Sur le bord de la route, un panneau proclamait :
" Une quête, c'est comme un robinet qui fuit, il faut courir vite pour le rattraper. "

Chapitre V
La route serpentait à flanc de montagne, épousant la pente en de langoureux lacets. Le cabriolet filait comme un flèche, négociant adroitement les courbes et les virages.
Le panorama était splendide, des bancs de nuages blancs se faufilaient entre les cimes déchiquetées, projetant leur ombre sur les pierriers et les forêts.
Alors que Solène enchaînait une série de virage, une subaru bleu surgit derrière elle, l'éblouissant de ses phares puissants. Le conducteur zigzagua un instant avant de la dépasser en klaxonnant. Il se rabattit juste devant elle, freina brutalement et obligea Solène à s'arrêter sur le bas coté. Elle sorti de sa voiture, prête à en découdre avec l'importun, écartant la poussière qui retombait avant d'apercevoir Pif, souriant de toute ses dents à bord de son bolide.
- C'est de la bombe baby ! Tu veux l'essayer ? Je nous ai inscrit au rallye Tripoli-PortBou.
- Désolée, mais j'ai une course à faire à la montagne noire, une prochaine fois peut être.
- C'est sur le chemin justement, allez monte !
Solène ouvrit la portière côté conducteur, le léopard s'empressa de changer de siège avant qu'elle ne lui écrase la queue. Elle manoeuvra rapidement, avant d'enfoncer résolument l'accélérateur, faisant bondir la voiture sur la route étroite.
En quelques jours, Solène s'initia à l'art du pilotage et appris à maîtriser son bolide, alors que Pif potassait les cartes routières et apprenait le jargon de copilote.
Le jour du départ, ils étaient alignés aux cotés des 99 autres équipages, prêts à se lancer à l'assaut de la piste. En tant que copilote et guide spirituel, Pif donna les dernières consignes à Solène :
- Ecoute princesse, tu nous amène jusqu'au bout, et si on est premiers c'est mieux. Mais te bile pas, si on est seconds je ne t'en tiendrais pas rigueur.
- Et la ligne d'arrivée elle vient en pirogue ?
- On peux déconner ou bien ? Bon allez, on y va.
Les 100 voitures s'élancèrent sur la piste dans un vrombissement d'enfer, la poussière soulevée obscurcit le village durant 7 jours et 7 nuits. Une fois la visibilité revenue, les voitures purent enfin partir, chacune à leur tour afin d'éviter de répéter la même erreur.
- Virage léger à droite, 160-180. Chicane gauche à 200 mètres, 150. Ligne droite, 200-250 puis épingle à gauche, 60.
La subaru dévorait la piste, soulevant derrière elle un impressionnant nuage de poussière. Elle enchaînait les virages et aspirait les courbes, faisant ronfler son moteur. Solène maîtrisait sa puissance comme un dompteur son fauve, la guidant sur la piste, canalisant son énergie dans une course effrénée et agile.
Au détour d'un virage, il roulèrent dans une gigantesque flaque de boue, aspergeant les touristes venus observer le spectacle. Pif se retourna en criant " ça arrive ! " avant de reprendre sa litanie.
- 190 à 200, droite brusque 120 puis pointe 250 sur bitume, virage gauche gravier, 140 ,descente 30% sur 300m, puis zigzag droite 130. Aire d'autoroute, pose café à 200m.
La voiture s'arrêta dans un hurlement de freins, les pneus laissant des traces noires brûlantes sur le bitume. Pif et Solène descendirent, se débarrassant de leur casque et de leurs gants avant d'entrer dans la cafétéria.
- Elle tourne bien hein ? Je l'ai gagné au poker contre un texan en vacances à Melbourne. Je prendrais bien un petit café.
- Je t'accorde qu'elle tient bien la route, mais elle plafonne un peu en ligne droite. Elle préfère la montagne.
- Certes, pour les circuits plus rapide je lui préfère une viper, plus agressive, mais j'ai laissé la mienne à mon loft de NY.
Les deux compères devisèrent ainsi dans la cafétéria de l'aire d'autoroute qui bordait la piste du rallye Tripoli-PortBou. Après quelques heures de bavardage ininterrompu, alors que le soleil commençait son déclin derrière les montagnes, Solène se prépara au départ.
- Nous ferions bien d'y aller afin de ne pas être derniers, il nous reste plusieurs heures de route il me semble.
- L'important c'est de participer, rétorqua Pif, et puis je connais un petit raccourci sympathique.
Il ne daigna cependant pas répondre à la moue interrogative de son pilote.
Ils reprirent la route, utilisant le raccourci précité, qui écourta tant et si bien que lorsqu'ils arrivèrent sous la banderole finale, les commissaires de course n'étaient pas encore en place. Leur arrivée anticipée ne fut donc pas comptabilisée.
Alors qu'ils avançaient tranquillement sur une petite route de montagne, Pif prit la parole :
- C'était une petite balade bien sympathique n'est-ce pas ? L'air de la montagne est très agréable. Mais je ne vais pas te retenir plus longtemps, ta quête dois continuer. Je te déposerai dans un petit village un peu plus haut, tu auras tout loisir de le visiter en réfléchissant à la prochaine étape de ton aventure.
- Quelle sera cette prochaine étape ? Demanda Solène.
- Je ne puis te le dire, c'est à toi que revient le choix. Je ne peux que t'enseigner et te suggérer. Tu iras cette fois encore là ou tes pas te porteront, car c'est là que réside ton avenir.

Chapitre VI
Alors que la subaru s'éloignait dans le soleil couchant, Solène observa le paysage qui l'entourait. La piste jaune et ocre s'étirait comme un long serpent, sinuant entre les collines arides. A quelques pas de là trônait un magnifique chêne qui se dressait contre le soleil, offrant son abris au voyageur fatigué. A ses pieds, un petit chemin de pierre se détachait de la piste et partait s'enfoncer dans les fourrés épineux. Solène s'avança sur ce chemin, écartant les buissons à l'aide d'un solide bâton qu'elle s'était confectionné dans un branche tombée au pied du chêne. Après plusieurs heures de marche, elle arriva devant une falaise abrupte, si haute que les oiseaux ne pouvaient la franchir. Aussi loin que son regard portait, la princesse d'Iquito ne voyait qu'un impénétrable mur de pierre chauffé par le soleil.
Alors qu'elle contemplait cette infranchissable barrière, un mouvement dans les buissons attira son attention. Un petit lézard sorti d'un massif de ronces rampait agilement entre les rochers. Elle le suivit des yeux, puis voyant qu'il se dirigeait vers la falaise, elle lui emboîta le pas. Le petit reptile se retourna au détour d'un bosquet hérissé d'épines, dardant sa langue fourchue vers Solène avant de plonger sous le buisson. Intriguée, celle-ci tenta de contourner le buisson, mais il était adossé à la muraille, et totalement impénétrable. Ne voyant pas sortir le lézard, Solène entreprit de se frayer un passage à travers l'amas épineux. A l'aide de son bâton, elle frappa et trancha, écartant les branches et écrasant les épines. Après avoir réduit en fine poussière le plus grande partie du buisson, elle aperçut une colonne sculptée. En la dégageant, elle fit apparaître une massive porte de pierre qui semblait s'ouvrir dans la falaise.
Alors qu'elle s'approchait, les énormes battants tournèrent en silence sur leurs gonds, libérant un flot de lumière blanche et pure. Obéissant à cette invitation muette, Solène franchit la porte. Après avoir fait quelques pas dans un couloir taillé dans le roc, elle parvint dans une gigantesque salle, la caverne était taillée dans la montage, des puits de lumière faisaient tomber des rayons éclatants du haut de la coupole. Au centre de la majestueuse rotonde se dressait un trône. Simple et carré, il soutenait un vieillard qui vit avancer la jeune fille.
- Bonjour jeune voyageuse, soit la bienvenue en mon Royaume.
Solène s'arrêta à quelques pas du trône, se présentant à l'homme qui venait de parler.
- Je suis Solène, princesse d'Iquito. Quel est ce royaume ?
- Le Royaume des Sept Portes. Tu est entrée par l'une d'entre elles, l'une des Six Portes Oubliées. Six des sept portes ont déjà été ouvertes, et peuvent donc à présent être utilisées, mais l'ultime porte, la septième porte n'a jamais été franchie. Seras-tu celle qui ramènera la dernière clé, celle qui ouvrira le cercle des sept portes ?
- Je suis à la recherche de la Montagne Noire, une de ces portes y mène-t-elle ?
- Je ne sais où mènent ces portes, seuls ceux qui les empruntent peuvent le découvrir. Si tu ouvres l'ultime porte tu pourras les franchir, et explorer les mondes qu'elles cachent.
- Où est la septième clé ?
- La septième clé est dans la salle des cent colonnes, au sommet de la plus haute d'entre elles.
A ces mots, le vieillard indiqua du bras une petite porte qui s'ouvrit, découvrant un passage vers une salle parsemée de hautes colonnes de pierre blanche.
Au pied de la plus haute d'entre elles, le sol était jonché d'ossements d'aventuriers et de leur matériel d'escalade, échelles, cordes et appareils divers et variés. Solène ramassa un rouleau de corde et un harnais d'alpiniste. Elle s'harnacha comme elle avait vu Pif le faire à bord de l'hélicoptère, puis elle se mit en devoir d'escalader la colonne. Les chemins de pitons tracés par les aventuriers précédents l'aidèrent jusqu'à la moitié du chemin, puis elle dû utiliser son agilité et l'expérience qu'elle avait acquise durant la première partie de son escalade afin de continuer. Ses réflexes de pilote et sa légèreté lui permirent de faire face aux éboulements et aux effritements de la roche, et à force d'effort elle parvint au sommet de la colonne. Le vent soufflait doucement, portant les oiseaux qui planaient dans l'immense salle. Au centre de l'esplanade une clef en or était posée sur un bloc de pierre blanche et nue. Alors qu'elle saisissait la clef, Solène senti la colonne gronder et vibrer, tournant son regard vers la salle, elle vit que toutes les colonnes s'effondraient, disloquées par une main invisible elle chutaient dans un nuage de poussière. Lentement, elle sentit l'esplanade descendre au niveau du sol, où le vieillard l'attendait, assis sur son trône de pierre.
- Tu as ouvert la septième porte, princesse d'Iquito. Tu as ouvert le cercle des sept portes de la montagne. Par ton courage et ta force, tu as libéré ce royaume. Mon trône te revient, tu es à présent la maîtresse des sept portes.
- Je te remercie de cet immense honneur, maître des sept portes, mais je ne puis l'accepter. J'ai une quête à accomplir, et ne saurais l'abandonner. Je dois partir, et accomplir mon destin.
- Ainsi je garderai pour toi ce royaume. Tu y seras toujours la bienvenue. Va, poursuis ta quête, Accepte seulement de sortir par la septième porte, la porte que tu as ouvert sur ton destin.
- Adieu maître des sept portes, j'espère que nos destins se croiseront à nouveau.

Chapitre VII
A peine Solène avait-elle franchi la monumentale porte de pierre qu'un brouhaha envahi le silence. Elle se trouvait dans une immense salle parcourue en tout sens par des individus affairés qui circulaient entre les parois basses séparant les boxes dans lesquels ils s'enfermaient. Des interjections obscures retentissaient entre les parois de métal et de plastique moulé.
- Station XT27 en deadlock sur la 128, en attente niveau 4 !
- Poste 18, je prends !
Les hommes se répondaient en criant au dessus des boxes encombrés, agitant des liasses de documents en direction des immenses tableaux qui palpitaient autour de la pièce. Des acronymes obscurs accompagné s de chiffre changeants tournoyaient, se succédaient dans un clignotement épileptique.
- Jack, j'ai une machine à laver ici, appelle le dispatching et file leur une torgnole !
- Cool Raoul, je te la prend. Occupe toi du Sun en surcharge sur Atlantic.
Solène avançait lentement dans ce bouillon humain, évitant les agents survoltés qui la croisaient sans la voir. Soudain, quelqu'un la prit par le coude.
- Mademoiselle, je peux vous aider ?
Solène se retourna lentement, interdite.
- Vous devez être l'intérimaire que fekp nous a promis, installez vous au bloc 06, juste là derrière, je viens vous briefer dans une minute.
Poussée par le flot tourbillonnant, la jeune fille avança vers la zone que l'homme lui avait montré, elle échoua sur une chaise montée sur roulettes, dans un box vide. Alors qu'elle faisait le tour de l'équipement formé d'un moniteur de taille raisonnable, d'un clavier et d'un téléphone digne d'un petit central sur lequel était branché un énorme casque, l'homme surgit à nouveau à la porte de son box.
- Excusez moi de vous avoir laissé en place, un client particulièrement colérique. Vincent Stukov, mes amis m'appellent Stuk.
- Solène Iquito, mes amis...
- Bonjour Solène, je vois que vous vous êtes familiarisé avec le matériel, alors au boulot. Si vous avez besoin de moi, faites le triple zéro. Et n'oubliez pas la règle des trois P. Sur ces mots, Stukov s'évanouit dans le flot bruyant. Légèrement dépassée par les événements, Solène coiffa le casque, connectant l'ordinateur et le téléphone.
- Solène Iquito, poste 06, veuillez choisir votre domaine de conseil pour la prochaine tranche.
Une liste se déroula à l'écran, elle semblait faire l'inventaire de tous les domaines d'activité où la main de l'homme ai jamais mis le pied. Parcourant d'un regard incrédule les mots qui se découpaient sur l'écran, Solène chercha un domaine qu'elle posséda un tant soit peu. Alors qu'elle commençait à désespérer, une tonalité dans son casque précédât la voix du chef de service.
- Vous avez du mal à choisir ? Je vous branche sur les aides orthographiques et grammaticales, avec le dictionnaire de votre bécane, se sera une jeu d'enfant. Bon courage !
La tonalité coupa la parole à Solène avant même qu'elle ai commencé à parler. A l'écran, la liste avait disparu, remplacée par l'interface d'un dictionnaire vocal multilingue. Lorsque Solène parla en activant la fonction d'acquisition, les mots s'affichaient à l'écran, faisant à écho à la même phrase, vérifiée et corrigée par le processeur qui chauffait dans sa carcasse de tôle. Inspirant profondément, Solène prit son premier appel.
- Solène Bonjour.
Une voix d'enfant hésitant retentit dans son casque.
- Bonjour madame... Je voudrais savoir comment on écrit " vainqueur ", c'est pour mes devoirs.
Souriant dans son box, Solène répondit doucement.
- Le mot " vainqueur "s'épelle " V ", " A ", " I ", " N ", " Q ", " U ", " E ", " U ", " R ".
- Merci madame.
- Je t'en prie, au revoir.
La communication fut interrompue par le standard automatique qui lui passa immédiatement un autre appel.
Une voix de femme se fit entendre :
- Bonjour mademoiselle, je...
La voix s'interrompit, couverte par un jappement aiguë.
- Couché Chapi ! Allons, sois sage ! Pardonnez moi, Chapi est insupportable aujourd'hui. Où en étais-je ? Oui, une amie m'a parlé d'un fleuve, où elle compte aller en voyage prochainement, elle est très aventurière, ou du moins c'est ce qu'elle laisse entendre...
Chapi se fit de nouveau remarquer, interrompant sa maîtresse.
- Silence ! Excusez le mademoiselle, il est assez turbulent, mais vous savez, c'est un ange quand il est calme. Mon amie part donc vers ce lac je ne sais quoi, j'aimerais que vous me disiez où il se trouve, que je puisse l'asticoter un peu. Je ne suis pas mesquine voyez vous, mais je veux savoir si elle compte vraiment y aller ou si elle ne fait que parler. Parfois elle me donne l'impression de juste épater la galerie. Et je peux vous dire que je m'y connais en personnes ! Le lac en question se nomme donc Aral, c'est peut être un fleuve d'ailleurs, je ne sais plus trop. Le fleuve Aral ? Où est-ce au juste ?
Alors que la femme finissait son monologue, Solène ouvrit l'atlas et localisa immédiatement la mer d'Aral.
- C'est une mer madame, située en Touranie, une région à cheval entre l'Ouzbékistan et le Kazakhstan, au sud de la Russie, à l'ouest de l'Himalaya.
- Ha c'est donc là bas ! Merci mademoiselle, nous allons voir si elle va aller dans ce pays si lointain ! Je n'en crois pas un mot ! Tu es d'accord avec moi hein Chapi !
L'agitation hors du box était à son comble, un nombre croissant de personnes s'affairaient dans les allées, se croisant avec l'aisance que confère l'habitude. A peine Solène avait elle levé le nez hors des cloisons qu'une nouvelle voix envahit son casque.
- Bonjour mademoiselle, pourriez vous me rappeler l'orthographe exacte du nom " glyptothèque " ?
Activant l'acquisition alors que l'homme prononçait le mot, Solène extirpa l'information de la base de donnée, épelant le mot à son interlocuteur. Curieuse, elle demanda l'affichage de la définition complète, mais lorsqu'elle commençait à parcourir le premier paragraphe, elle fut connectée à un autre appel.
Alors que Solène initialisait machinalement le dictionnaire automatique, un silence grésillant se fit entendre sur la ligne. L'intermède commençait à s'éterniser lorsqu'un cliquetis retentit à l'autre bout du fil.
- Bonjour, les renseignements ?
- Oui monsieur, Solène Iquito, je vous écoute.
- Bonjour mademoiselle, Albert Einstein, dites moi, j'aimerais avoir l'adresse de monsieur Roosevelt, F. D. Roosevelt.
Peu accoutumée à la consultation de l'annuaire global, Solène entre la requête dans le formulaire avant de renseigner son interlocuteur. Après lui avoir donné les coordonnées demandées, elle précisa.
- Vous comprenez que je ne peux vous donner que son adresse à Washington monsieur.
- Bien sur, bien sur. Merci mademoiselle, au revoir.
Le silence parasité se fit à nouveau entendre puis l'appel prit fin.
Une voix préoccupée remplaça très vite le court silence.
- Ha enfin ! Je cherche un mot en cinq lettres, avec un " A " et un " C ".
- Il existe un grand nombre de mots en cinq lettres comportant à la fois un " A " et un " C " monsieur, pouvez vous préciser ?
- Evidement que je peux préciser ! Le " A " est au début, attendez, c'est la deuxième lettre, et le " C " est la quatrième. Quel est ce mot ?
- Un instant je vous prie.
Solène ouvrit le dictionnaire et entra la demande correspondant à la question posée, elle obtint une douzaine de réponses.
- Il y a seize réponses monsieur.
- Seize ! ? Mais je n'en veux qu'une mademoiselle ! Cherchez encore voulez vous !
- Je crains de ne pouvoir faire plus monsieur, seize mots correspondent à votre demande.
- J'entends bien, mais je ne souhaite avoir qu'un seul mot, on ne peut mettre plusieurs mots dans une ligne de mots croisés voyez vous.
- Vous devez avoir une définition correspondant à votre mot monsieur, elle nous permettra peut-être de trouver.
- Bien sur qu'il y a une définition, mais je doute que vous la compreniez, j'ai moi même eu du mal. Elle dit " Mon sang dans sa bouche tu boiras. " Je trouve ça douteux comme définition.
- Je pense monsieur que le mot que vous cherchez est " calice ", c'est le seul qui corresponde à votre description et qui puisse être défini par cette phrase.
- " Calice " ? Vous êtes sure ?Je ne crois pas. Je doute que cette grille ait même une solution.
Le marmonnement de l'homme se perdit dans le brouhaha ambiant.
A la fin de la journée, Solène avait répondu à plusieurs dizaines d'appels, profitant des quelques intervalles qu'elle pouvait trouver entre deux sollicitations, elle avait parcouru l'immense dictionnaire à sa disposition, lisant çà et là les définitions de mots improbables sur lesquelles elle tombait par hasard.
Alors que le hall se vidait de la foule bruyante qui y avait transpiré toute la journée durant, Solène restait assise, indécise, dans son box. Les lumières commençaient à faiblir quand Stukov arriva, bavardant tranquillement dans le micro qui dépassait de son col.
- Et le central 4, pas de problème insoluble ?
Il écouta avec attention la réponse qui murmurait dans son oreillette avant de remercier le micro qu'il fit disparaître.
- Alors, cette première journée ?
- Eprouvante, mais très intéressante. Sourit Solène.
- Bien, j'ai jeté un coup d'oeil à votre fiche de service ce soir, vous avez assez bien géré les coléreux et les impatiens, les gens qui suivent aussi bien la règle des trois P soit rares.
Solène tiqua :
- Heu... Oui. C'est quoi déjà cette règle ?
- La règle des trois P de l'assistance téléphonique ? Patience, Patience, Patience. Je vous propose un verre avant de partir ?
La princesse acquiesça et ils descendirent sur une petite terrasse à l'arrière de l'immeuble qui donnait sur un jardin luxuriant. Après avoir devisé de choses et d'autres, Stuk donna à Solène sa carte d'accès au bâtiment, puis ils se séparèrent. Stukov se dirigea vers le garage et la princesse choisi d'emprunter le chemin qui traversait le petit parc.

Chapitre VIII
Solène franchit la petite porte en fer forgé qui s'ouvrait dans la barrière délimitant le parc.
Les arbres formaient un mur quasiment impénétrable, surplombant un tapis d'herbes et de fougères qui encombraient le sous-bois. La princesse se glissa dans la forêt à la faveur d'une brèche dans le mur de verdure, puis progressa difficilement sur quelques mètres avant d'atteindre une zone moins dense dans laquelle elle pouvait progresser presque normalement. Le soleil était caché par les grands arbres, et la végétation luxuriante empêchait de distinguer le chemin qui avait du un jour traverser le parc. Solène progressait en aveugle, tachant de suivre une route plus ou moins rectiligne afin de ressortir à l'opposé du parc.
Après deux heures de marche, le soleil commença a décliner, la lumière filtrée par les haut feuillages se fit plus rouge et moins puissante. Le sous-bois pris peu à peu ses vêtements de nuit et devint noir et brun, encore assombri par sa couverture d'arbre. Les bruits de la forêt diurne décrurent puis disparurent avant de laisser place aux animaux nocturnes. Etonnée par la taille du parc et légèrement effrayée à la perspective de passer une nuit dans ce parc inconnu, Solène commença a chercher un abri pour la nuit. Alors qu'elle rassemblait un petit tas de feuilles mortes pour se confectionner un matelas où passer la nuit sous un chêne centenaire aux frondaisons immenses, Solène entendit derrière elle un petit rire. Surprise, elle resta immobile, le rire cristallin retentit à nouveau, un peu plus fort, un rire d'enfant joueur. Plus curieuse qu'effrayée, la jeune fille se retourna, cherchant à apercevoir l'enfant.
Le sous-bois était vide. Tournant la tête en tout sens, Solène ne parvint pas à apercevoir le moindre être humain, même les bruits de la forêt avaient cessés, étonnés eux aussi par ce rire nocturne. Solène s'étendit sur sa couche, essayant d'oublier cette interruption étrange et se préparant à passer une nuit dans cette étrange forêt. Le sommeil commençait à la gagner quand elle entendit une voix toute proche :
- Bonne nuit.
A demi anesthésiée par le sommeil, elle leva les yeux et aperçu à quelques mètres d'elle un chat, assis et immobile comme un sphinx. La silhouette du félin se découpait sur le fond sombre des arbres, ombre parmi les ombres, piqueté de deux diamants verts attentifs. Hypnotisée par ces yeux, Solène ne put dire un mot, elle se sentit gagnée par le sommeil et sombra dans des rêves réparateurs. Elle fut réveillée par les premières lueurs du soleil. Elle s'étira un instant, caressée par les rayons qui tombaient à travers les frondaisons. La forêt paraissait plus accueillante que la veille, les cimes jouant avec l'aube naissante, une brise matinale agitait le feuillage. Le souvenir brumeux du chat lui revint en mémoire, mêlé aux fragments de rêves matinaux qui s'évaporent au matin. Elle jeta un oeil à l'emplacement où se tenait le félin la veille et ne fut pas étonnée de le voir à la même place, immobile et curieux.
- Bonjour.
- Bonjour, qui es-tu ?
Elle se leva lentement, époussetant les feuilles mortes sur lesquelles elle avait dormi.
- Qui suis-je ? Je suis moi-même.
- N'as tu point de nom ? Tu vis ici, dans cette forêt ?
- Je suis cette forêt, je me nomme comme elle, et elle n'a point de nom.
Solène regarda attentivement le chat, un léger miroitement attira son regard. Elle fixa le pelage soyeux, et remarqua après un instant que le chatoiement qu'elle avait attribué au jeu de la lumière entre les feuilles était en réalité dû au chat lui-même. Un mirage vert semblait flotter autour du chat, courir comme une vague silencieuse sur son pelage.
- Je t'appellerais donc sylvestre.
- Sylvestre.
Solène vit les moustaches du chat bouger comme s'il parlait, mais sa voie lui parvint de toute part, comme émise par la forêt elle-même.
- Sylvestre, j'aime ce nom, cela me convient.
Le chat continuait à parler à travers la forêt, la jeune fille se rappela ses premiers mots
- Tu parles à travers la forêt, tu es la forêt ?
- Oh non, je suis un chat. Il y bien longtemps j'étais un simple matou de la ville, comme des centaines d'autres, et un jour au hasard du destin j'ai rencontré un magicien qui m'a offert cette forêt, j'en suis le maître. J'accueille les voyageurs qui s'y perdent et leur permet de ressortir, je suis le gardien de la forêt et de ses animaux, je suis le guide des promeneurs perdus.
- J'aimerais sortir de cette forêt, peux-tu m'aider ?
- Hélas je ne le puis plus. J'ai perdu ma baguette magique, le magicien me l'avait confiée comme un sceptre contenant mon pouvoir, et je l'ai perdue. A présent elle est dans la grotte de la falaise, gardée par un dragon maléfique et terrible. Et cette forêt est un peu particulière, elle est hors du temps. On peut y rentrer facilement, il est facile de perdre son temps, mais pour sortir il faut regagner son temps, et c'est beaucoup plus difficile. Personne ne peu sortir si je n'ai pas ma baguette magique, et c'est le dragon de la falaise qui la possède.
- La grotte de la falaise ? Un dragon ? Il y a donc du danger pour toi dans cette forêt ?
- Bien sur, ce dragon ne fera qu'une bouchée de moi. Si j'ose le réveiller, je suis perdu !
Le chat se tut, tout penaud. Le roi déchu, incapable de recouvrer son trône se roula en boule pour sangloter. Solène s'approcha de lui et chuchota :
- Montre moi la grotte et son terrible dragon, peut être pourrais-je récupérer ta baguette magique, et tu me feras trouver le chemin hors de cette forêt.
Sylvestre mena la princesse jusqu'à la falaise, à ses pieds une grotte sombre pénétrait dans la roche, descendant en pente douce vers le centre de la terre. L'entrée était en partie dissimulée par des éboulis et des herbes folles, et Solène dû dégager un passage alors que le chat tremblant se cachait non loin de là.
Le boyau était en partie dégagée lorsque sylvestre, reprenant un peu d'assurance, s'approcha lentement
- Tu vois le dragon ? En général il est tout prêt de la sortie, il me regarde sans bouger.
Solène n'avait pas le regard aussi acéré que le chat de la forêt, elle dû laisser ses yeux s'habituer à la pénombre.
- Là au fond, à gauche ! C'est toujours là qu'il m'attend, regarde le il nous fixe. Si tu entres il va se lever et démolir la forêt !
La jeune fille aperçu deux braises rouges qui la fixaient du fond de la grotte. Un ronronnement sourd grondait au fond de la caverne, faisait vibrer les os de Solène et du chat.
- Va te mettre à l'abri, je vais parler à ce dragon.
Sylvestre ne fit ni une ni deux, il jeta un regard étonné à Solène avant de disparaître au détour d'un buisson.
Celle ci avança doucement à l'intérieur de la caverne. Des stalactites noires tombaient du plafond, l'obligeant à se baisser, et des flaques d'une eau glacée servaient de bassin aux gouttes qui tombaient en clapotant. La lumière du dehors ne fut bientôt qu'un vague souvenir, et Solène du marcher en tenant devant elle ses bras tendus afin de ne pas heurter un mur ou un pilier de roche.
Bientôt Solène ne sut plus dans quelle direction elle marchait, ni où elle devait aller. Elle s'assit un instant afin de calmer ses nerfs, et tenta de se diriger. Elle entendit alors la voix de sylvestre, comme elle avait retentit dans la forêt.
- J'ai trop peur du dragon pour entrer, mais je peux encore te parler avec la voix de la forêt. Tu as marché trop loin, le dragon est derrière toi maintenant, je sens la présence de ma baguette magique.
Solène fit demi tour, puis se fiant à sylvestre qui la guidait vers sa baguette magique, elle revint vers le dragon.
- Stop, arrête toi ! Tu es tout près de lui ! N'entends-tu pas son souffle d'enfer ?
La jeune fille s'arrêta net sur les mots de sylvestre, elle s'immobilisa sur un pied, retenant sa respiration. Elle écouta, guettant le rythme d'une respiration étrangère, chargée de soufre et prête à cracher les flammes de l'enfer, à déverser sur le monde le feu et la mort. Mais rien. Le silence total et le plic-ploc des gouttes d'eau emplissaient toujours la grotte. Intriguée, Solène fit un pas de plus. Elle trébucha sur une branche. Intriguée, elle baissa les yeux, et découvrit une baguette légèrement luminescente. Elle dit tout haut :
- Sylvestre ? j'ai trouvé ta baguette, mais pas le dragon.
Sylvestre ne répondit pas, la voix de la forêt portait sans doute loin, mais son oreille était moins efficace. La princesse se dirigea vers la sortie de la grotte, après avoir fait quelques pas elle se retourna, et tomba face à face avec les yeux de braise qu'elle avait vu en entrant. Elle s'approcha délicatement, puis remarqua que les-dits yeux ne cillaient pas, et ne semblaient pas la suivre, puis en s'approchant encore elle se rendit compte que ces yeux étaient en réalité deux énormes gemmes rouges, illuminées de l'intérieur par des puits tombant vers les profondeurs bouillantes de la terre. Souriante, Solène fit demi tour et sorti de la grotte. Sylvestre l'attendait au soleil, assis sur ses pattes arrières.
- J'ai ta baguette, et j'ai salué le dragon de ta part.
- Il ne s'est pas réveillé ? Tu as réussi à lui voler ma baguette sans le déranger ?
- Ton dragon était en fait une paire de gemmes rouges, et ces cailloux ne sont pas dangereux. Tu peux me faire sortir d'ici ?
- Bien sur, bien sur. Où veux-tu aller ?
- Je sortirais volontiers de l'autre coté du parc.
- Ne m'as tu pas écouté ce matin ? Le lieu importe peu, c'est le temps qui compte.
- Hé bien disons que je veux revenir au temps où je suis arrivée, et de l'autre coté du parc.
- Très bien, je vais voir ça. Un instant.
Sylvestre resta un instant silencieux, semblant se remémorer les subtilités de l'utilisation de sa magie.
- Je suis prêt, je vais t'envoyer au croisement de la 8ème avenue et de la 57ème, après débrouille toi.
- Nous sommes à New York ?
- Bien sur, Central Park, tu n'avais pas reconnu ?
- Je suis arrivée ici dans des conditions étranges, je ne savais pas que nous étions dans Central Park. Je vais pouvoir visiter New York !
- Attachez vos ceintures, on est parti !
Le scintillement vert qui courrait sur la peau de Sylvestre s'amplifia, envahi toute la forêt, sa baguette se mit à tourbillonner, vint se placer au dessus de la tête de Solène. La forêt sembla se contracter, chantonner un rythme ancien et oublié des hommes. Le vent se leva doucement, agitant les feuillages et jouant avec les oiseaux. Peu à peu le tourbillon vert empli le ciel, Solène ne vit bientôt plus ni les arbres ni les chat, toujours assis, immobile. D'un coup le tourbillon s'arrêta, un rire cristallin se fit entendre, et Solène se retrouva au croisement de la 8ème avenue et de la 57ème.

Chapitre IX
Le brouillard vert se dissipa, découvrant les immeubles de Manhattan Mid-Town. Solène était à l'angle choisi par Sylvestre, arrêtée au milieu du trottoir. Le flot de piétons qui coulait autour d'elle ne semblait pas avoir remarqué son arrivée impromptue, mais se faisait plus fort d'instant en instant. La princesse d'Iquito décida qu'il ne valait mieux pas rester immobile à cet endroit, au risque de se faire piétiner par ce troupeau aveugle. Elle se mit donc en route, en direction des twin-towers qu'elle apercevait sous les nuages.
La jeune fille marchait dans les rues de New York, ébahie comme une petite péruvienne perdue dans la Grande Pomme, lorgnant les passants et faisant des pauses devant chaque magasin. Après quelques minutes, Solène quitta la 57ème et s'engagea dans Broadway, plongeant dans Theatre District. Elle était émerveillée de voir tant de gens réunis dans une même ville, si étendue et si contrastée. Alors qu'elle marchait au hasard dans la gigantesque métropole, elle prenait peu à peu conscience que son existence passée l'avait toujours portée vers des contrées isolées, étranges, loin du monde civilisé. Alors qu'elle reprenait contact avec la société, avec ses semblables qu'elle avait si longtemps perdu de vue, la princesse sentait un vide grandir en son coeur.
Fatiguée par une journée de marche, Solène poussa la porte d'un petit bar qui se tenait au rez-de-chaussée d'une maison de Greenwich Village. Elle s'assit à une table libre, près de la fenêtre, soucieuse de ne perdre aucune miette de l'activité fébrile qui régnait au dehors. Alors qu'elle goûtait doucement le café noir qui fumait entre ses mains, un étranger tout de noir vêtu franchi d'un pas allègre et vif la porte battante du petit débit de boissons. Le jeune homme était brun, les cheveux courts en bataille, engoncé dans un gigantesque imperméable noir. Il se dirigea vers le bar, pris la bière que le barman lui tendait avant d'embrasser la salle du regard. La princesse garda le nez dans sa tasse lorsque l'apparition s'approcha de la place libre qui lui faisait face, et acquiesça doucement lorsqu'une chaude voix de basse lui demanda la permission de s'asseoir. Après quelques instants, la jeune fille reposa doucement son café, ses yeux croisèrent le regard noir lumineux du jeune homme.
- Bonjour mademoiselle, vous visitez New York ? C'est la première fois que je vous vois ici.
- C'est la première fois que je viens ici, je suis de passage.
- New York est une ville formidable, quand je suis arrivé j'étais de passage moi aussi, et puis je suis resté.
Un silence enveloppa lentement la table, figea les deux personnages face à face, immobiles.
- Mon nom est Lude Strauss, je suis étudiant à Fordham.
- Mon nom est Solène Iquito, je suis princesse à Iquito.
- Princesse ? Vous avez du sang royal ?
- Pas vraiment, je ne sais pas, on m'a toujours appelé comme ça.
- Aucune importance. Dites, je n'ai rien de particulier à faire cette après-midi, ça vous dirais que je vous fasse visiter le quartier ?
- Vous savez... Je ne suis que de passage, je dois repartir, je n'ai pas le temps de rester trop longtemps ici.

***

Annexe

La mer d'Aral est située dans la région de Touranie, anciennement Uzbekistan occidental. A cheval sur la frontière entre l'Uzbekistan et le kasakhstan. Source : http://nailaokda.8m.com/geog.html.

***

8ème avenue et 57ème rue, sud ouest de Central Park. Source : http://www.aaccessmaps.com/show/map/manhattan_midtown

***

F.D.Roosevelt était président des Etats Unis lorsque Einstein lui a écrit à propos des recherches nucléaires. 2 Août 1939.

Albert Einstein
Old Grove Rd.
Nassau Point
Peconic, Long Island
August 2nd 1939
F.D. Roosevelt
President of the United States
White House
Washington, D.C.
Sir:
Some recent work by E.Fermi and L. Szilard, which has been com-
municated to me in manuscript, leads me to expect that the element uran-
ium may be turned into a new and important source of energy in the im-
mediate future. Certain aspects of the situation which has arisen seem
to call for watchfulness and, if necessary, quick action on the part
of the Administration. I believe therefore that it is my duty to bring
to your attention the following facts and recommendations:
In the course of the last four months it has been made probable -
through the work of Joliot in France as well as Fermi and Szilard in
America - that it may become possible to set up a nuclear chain reaction
in a large mass of uranium,by which vast amounts of power and large quant-
ities of new radium-like elements would be generated. Now it appears
almost certain that this could be achieved in the immediate future.
This new phenomenon would also lead to the construction of bombs,
and it is conceivable - though much less certain - that extremely power-
ful bombs of a new type may thus be constructed. A single bomb of this
type, carried by boat and exploded in a port, might very well destroy
the whole port together with some of the surrounding territory. However,
such bombs might very well prove to be too heavy for transportation by
air.
The United States has only very poor ores of uranium in moderate
quantities. There is some good ore in Canada and the former Czechoslovakia.
while the most important source of uranium is Belgian Congo.
In view of the situation you may think it desirable to have more
permanent contact maintained between the Administration and the group
of physicists working on chain reactions in America. One possible way
of achieving this might be for you to entrust with this task a person
who has your confidence and who could perhaps serve in an inofficial
capacity. His task might comprise the following:
a) to approach Government Departments, keep them informed of the
further development, and put forward recommendations for Government action,
giving particular attention to the problem of securing a supply of uran-
ium ore for the United States;
b) to speed up the experimental work,which is at present being car-
ried on within the limits of the budgets of University laboratories, by
providing funds, if such funds be required, through his contacts with y
private persons who are willing to make contributions for this cause,
and perhaps also by obtaining the co-operation of industrial laboratories
which have the necessary equipment.

I understand that Germany has actually stopped the sale of uranium
from the Czechoslovakian mines which she has taken over. That she should
have taken such early action might perhaps be understood on the ground
that the son of the German Under-Secretary of State, von Weizsäcker, is
attached to the Kaiser-Wilhelm-Institut in Berlin where some of the
American work on uranium is now being repeated.

Yours very truly,
(Albert Einstein)