pour Lise
Ayle inspira profondément, les yeux fermés, les bras légèrement écartés, el se tenait droit sur le bord de la corniche, immobile, pâle comme la lune qui se reflète, disque troublé, dans la seine.
La tête haute, sentant le vent nocturne mordre ses pieds nus, el écoute le murmure des monstres pétrifiés qui surveillent la ville, gardiens impassibles d'un monde endormi.
Brusquement, el ouvrit les yeux et, dans un soupir, se laissa tomber. El resta un instant suspendu, aussi immobile que les gargouilles qui le contemplaient, puis ferma les paupières. Le reflet de la lune disparut de ses yeux, ses épaules décrivirent un arc parfait. Ses pieds quittèrent la pierre froide, laissant deux marques chaudes dans la neige impeccable. Le murmure du vent accompagnait sa chute.
Les yeux fermés, Ayle écoutait le vent. El s'enivrait de l'air froid de l'hiver qui rugissait autour de son corps, tentant de ralentir sa chute alors qu'el se précipitait vers les dalles blanches, loin au dessous.
Souriant, les yeux toujours fermés, el virevolte, offrant son visage à la lune, accompagnant la neige qui s'était mise à tomber.
Un flocon se posa sur sa paupière fermée. El ouvrit les yeux. Sa chute, brusquement, s'arrêta, un nuage de flocons se souleva comme une onde impalpable, l'enveloppant dans un manteau blanc. La lune éclairait son visage, faisant briller des paillettes d'or dans ses yeux bleus. El sourit. Les flocons retombèrent sans bruit autour d'el, recouvrant l'esplanade d'une fine couche blanche, immaculée, immobile et silencieuse à nouveau.
Lentement, Ayle bougea une jambe, tâtonnant, el posa un pied au sol, puis, d'un mouvement fluide, se mit debout, projetant un longue ombre rectiligne, mesurant l'avancement de la nuit. Lentement, el se mit à marcher, comme dans un rêve, les yeux toujours fixés sur la lune, son visage pâle baigné de lumière. Ses pieds nus laissaient d'imperceptibles empreintes, celles d'un ange.
|