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Morituri te salutant - Kyrlian 12/1999
à Autin, après tout c'était son cours.

Rompez !
Les soldats en treillis noir se dirigèrent vers les baraquements à l'est du camp, derrière l'armurerie. Les bâtiments de béton étaient dispersés au milieu de la plaine ensablée, placés au hasard d'une logique aléatoire à l'intérieur de l'enceinte électrifiée. La sonnerie d'une alarme retentit dans les dortoirs, l'équipe se précipita dehors, les hommes se séparèrent avant de parvenir à leur postes de défense respectifs. Deux tourelles encadraient le portail principal, un bunker central surveillait la plaine, et au sous-sol, dissimulé sous 16 mètres de béton armé et une couche de plomb, le centre de surveillance électronique centralisait les informations en provenance de tous les capteurs actifs et passifs disséminés autour du camp.
Loin au nord du camp, un nuage de poussière se forma. Depuis les tourelles on ne voyait qu'une énorme masse de sable en mouvement. Une muraille haute de plusieurs centaines de mètres, formée de sable compact, avançais en ligne droite vers le camp. Sur les écrans du centre de surveillance, on ne distinguait plus la frontière minérale mouvante, mais derrière elle, à quelques kilomètres de l'interface sable air, avançais une machine de cauchemar. Longue de 100 mètres et large de 50, haute de 7 étages feuilletés d'acier, hérissée de tourelles de défense de proximité et de canon de puissance. Elle avançait, imperturbable, comme un énorme scarabée blindé, noir et mat dans le tourbillon de sable et de poussière qu'elle poussait devant elle.
Les volets du bunker claquèrent, les tourelles se rétractèrent dans le sol pour se soustraire à la menace du vent et du sable. Sur les collines avoisinantes, les trappes s'ouvrirent, découvrant les batteries de missiles de frappe rapide. Les monstres oblongs se profilaient dans la pénombre des abris de lancement, se couvrant lentement de sable pulvérulent apporté par la tempête. Dans le centre de commandement, un homme réglait les trajectoires de frappe, toutes aboutissaient au même point du scarabée d'acier, point rouge du viseur laser pointant un défaut de la cuirasse noire. Il fit basculer la protection du panneau de contrôle, découvrant le bouton de mise a feu. Son doigt activa la procédure de lancement.
Un déluge de feu déferla sur la plaine. Dans un rugissement d'acier déchiré, les missiles s'arrachèrent à leur cocon, se précipitant vers la muraille de sable. Au même instant, les défenses passives du camp libérèrent des torrents de neige carbonique, défense anticipée à la contre attaque de la machine de mort qui progressait toujours. Les missiles déchirèrent l'atmosphère, ils s'élevèrent au-dessus de la tempête avant de retomber en une pluie dévastatrice sur le gigantesque insecte blindé. Le point rouge scintillait dans la tempête, guidant les projectiles vers leur cible. Quelques secondes avant l'impact, les systèmes d'attaque fixe du camp se mirent en batterie. Deux canons massifs se détachèrent du bunker, les barrières électriques furent désactivées pendant une fraction de seconde afin de réserver toute la puissance aux lasers à impulsions qui s'étaient dressés autour du camp.
L'apocalypse descendit sur l'attaquant blindé, les missiles s'abattirent sur la carapace, au point désigné par le viseur, déchaînant leur puissance dévastatrice dans une salve d'explosions furieuses. Les canons crachèrent leurs charges qui atteignirent les couches métalliques supérieures en un instant, pulvérisant le métal surchauffé. Les lasers déchirèrent les plaques protectrices, scalpel de feu découpant aisément les défenses superposées. Depuis le camp, on ne voyait que la muraille de sable qui avançaient toujours, illuminée par les explosions qui parcouraient la plaine derrière elle. Le monstre d'acier s'était arrête, stoppé par le déchaînement destructeur du dispositif de défense du camp. La poussière et le sable retombèrent lentement, découvrant l'étendue carbonisée. Le sable vitrifié entourait la silhouette calcinée du scarabée noir, amas de tôle déchiquetée. La plaine s'était transformée en un gigantesque miroir de verre fondu, ornée en son centre d'un diamant noir, restes désintégrés du scarabée intrépide.
Sous la couche de béton du camp, la tension n'était pas retombée. Les yeux fixés sur les écrans, les opérateurs examinaient les relevés de la frappe, cherchant à desceller les limites de la machine adverse, estimant ses réserves et son endurance. La machine semblait morte, cercueil d'acier reposant sur le sable. Toute activité avait cessé sur les écrans de surveillance, les espions qui avaient survécu aux explosions dévastatrices ne détectaient plus d'activité dans la machine immobilisée. Les heures passaient, les automates d'observation balayaient le squelette de tôles noircies qui gisait dans la plaine. Après quelques heures, les robots revinrent au camp, les trappes des lances missiles se refermèrent, les volets du bunker se rouvrirent, les tourelles sortirent de terre et se dressèrent à nouveau au-dessus des barrières électrifiées. Les hommes ressortirent du bunker, s'alignèrent devant la masse de béton.
Rompez !
Les soldats en treillis noir se dirigèrent vers les baraquements.