Je ferme les yeux. Je sens la combinaison qui descend le long de mon bras, le liquide argenté coule lentement, enveloppant.
Le tremblement du coeur à l'agonie remonte le long de mes doigts, amplifié par la texture active qui scintille sur mon corps. La sensation divine revient peu à peu, pénétrant à nouveau chacune des mes cellules. Maîtrise absolue de mon univers. Les pieds enracinés dans le sol, trempé dans l'acier, rapide et mortel. Mes perceptions s'affinent comme des ongles de harpie, réflexes instantanés dans un corps taillé pour tuer.
Le coeur ne bat plus.
Je poursuis ma course.
La puissance m'envahit, mon corps s'enflamme mais ma tête soufre. La première fois c'était un début de migraine, puis l'accoutumance a commencé, chaque jour plus de maîtrise, chaque jour des sensations plus précises, plus aiguës, chaque jour plus fort, plus puissant. Plus fou.
Je ne suis plus que miroir de platine, forme élancée scintillante et mouvante, je cours dans un soupir, meurtrier invisible, sans mobile, sans motif, que de pouvoir le faire.
Simple bille de mercure, tu n'étais rien sans moi, je n'étais rien sans toi, métal inerte sans volonté, corps fragile brûlé par un esprit hurlant, union parfaite, terrible, insatiable.
Je vois la ville qui dors, là en bas. Inconsciente et fragile, elle voulait me broyer quand hier je n'étais rien, elle le pouvait, elle l'a fait. Tout à changé, j'ai le pouvoir, la force et la folie, de fondre sur ma proie, froid comme la mort.
Silence.
Les yeux fermés, j'écoute le vent qui mugis là dehors, juste derrière cette peau qui me sépare de tout. Les bras tendus, je prend mon envol. Je plonge. Vers la mort. |