Lundi, 12h25, cinq minutes écoulées après la fin du délai supplémentaire. Un dernier passager arrive, sa place est prise par une mère qui a échangé avec une étudiante pour être à coté de son fils. Etrange. Les lumières de la gare glissent doucement vers l'arrière, un grincement, le train d'en face s'ébranle lentement. Instant de flottement. Les portes coulissent, claquement sec, un homme tente des les retenir, trop tard. Le piège s'est refermé, le train démarre.
Dans un ballottage propre à faire rendre le capitaine hachab lui-même, le cortège sorti de la gare.
Malgré tous leurs efforts, les passagers étonnés ne parvinrent pas à écarter les épais rideaux bleus obscurcissant le wagon, bloquant la vue et empêchant d'observer les voies qu'empruntait le mystérieux convoi. Quelques minutes après le départ, une voix sépulcrale souhaita la bienvenue aux voyageurs, avant de faiblir et de s'éteindre dans un bruissement de parasites qui laissa place à un silence pesant. Soudain, une créature livide surgit d'un recoin d'ombre. Refusant toute aide aux passagers éperdus, le messager se contenta de distribuer des écouteurs, obligeant chacun à se brancher sur la terrible Radio Du Train.
Alors qu'un murmure étouffé commençait à sourdre des multiples écouteurs, le train s'arrêta brusquement... Les portes coulissèrent d'un seul mouvement, toutes les portes de tous les wagons grincèrent en même temps, un frémissement d'anticipation parcoura la foule.
Un bête hideuse et dégoulinante s'avança en titubant. Ses énormes mâchoires cliquetèrent, les mandibules s'ajustant dent sur dent, croc sur croc, dans un crissement d'os. Lentement, la bête s'avança entre les rangs, décapitant d'un coup sec les passagers qui tardaient à montrer patte blanche, poinçonnant les billets les plus prompts. Rangé après rangé, la créature progressa, laissant derrière elle un sillage de terreur et de sang, réduisant les passagers clandestins à l'état de macabres souvenirs.
Soudain, un crépitement retentit, un téméraire bondit, brandissant une arme. Le radar sonore tenta de se verrouiller sur la cible, mais le train redémarra brusquement, déséquilibrant le héros qui trébucha en travers du sas. La porte se referma comme un couperet, le héros devin martyr.
La créature continua son chemin sans être inquiétée et disparue au fond du train.
Le temps passa, le train continua sa progression cahoteuse dans un paysage désolé et désolant, longeant des plaines arides et des montagnes noires couronnées de nuages impénétrables. Une ville sombre apparut à l'horizon, ses immeubles torturés déchiquetant le ciel lourd. Le train ralenti et s'arrêta dans un grincement interminable. Un groupe de zombis monta, grognant et poussant leur fardeau de malheur. Les hères cherchèrent leur place dans le vaisseau dément.
La place de l'un d'eux était prise par l'homme doublé par la mère, il grogna mais n'osa affronter son opposant et s'assit à même le sol entre deux de ses congénères. Une forme blafarde s'avança et tenta de déloger un couple, usant de sortilèges, la sorcière tendit un billet d'une main parcheminée, marmonnant des incantations démoniaques. Mais ses sorts furent sans effet et sa supercherie fut vite découverte, un charme de vérité la propulsa hors du wagon, criant et griffant de rage et de déconvenue.
Le convoi restait immobile, silencieux, plus personne ne montait ni ne descendait, un silence de mort s'établit, rompu de temps à autres par un grognement ou un gémissement étouffé. La sorcière blafarde réapparu, s'adressa dans un grognement aux passagers médusés, puis progressa jusqu'au wagon suivant. Le train ne bougeait pas. Alors que les heures passaient, un tumulte enfla dans la wagon de tête, des cris retentirent, un humeur noire éclaboussa les vitres alors qu'un cri déchirant retentit, faisant dresser les cheveux, fourrure et serpents sur la tête des passagers pétrifiés. La tête de la sorcière roula à travers le wagon, un rictus de fureur déformait son visage torturé, sa bouche hurlant encore une formule démente.
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