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Solarium - 100 miles under the sun - Kyrlian 10/1999
Conseils de T.BoB

Le vent froid balaye la plaine blanche et rocailleuse. Les lourds blocs chaotiques restent imperturbables devant les assauts des particules en suspension qui cinglent la visière de son casque. Le scaphandre de surface lutte difficilement contre les éléments, les servomoteurs font crisser le sable qui les ronge. Le soleil brillant tombe à travers la protection, lui faisant plisser les yeux, il est presque midi, il devrait déjà être à l'abri. Il consulte son compas satellite, toujours pas d'écho. La balise de la mer blanche doit être endommagée. Il progresse en direction du dôme brillant qui apparaît sur l'horizon. La base n'est plus qu'à quelques kilomètres, l'horizon est très proche sur cet astéroïde. Pas après pas, sa progression fait apparaître la base temporaire, assemblage de carcasses de vaisseaux plantés dans le sol rocailleux de la plaine. La base est protégée du vent pas des amoncellements titanesques de blocs blancs qui jonchent la plaine.

Toujours pas de champignon en vue. Il doit pourtant trouver de quoi agrémenter l'omelette du camp aujourd'hui. Il a déjà parcouru les trois quarts de l'équateur de l'astéroïde à la recherche d'oignons ou de fromage râpé. Toute l'équipe doit l'attendre dans le réduit aménagé dans les restes d'un super-carburateur ArianeXI qui sert de cuisine. Il passe pourtant pour être le meilleur prospecteur de la base, il connaît les bons coins, les sites propices pour trouver les différents éléments nécessaires à l'art culinaire. Mais aujourd'hui, il ne trouve rien, les Ennemis du camp B vont reprendre l'avantage s'il ne trouve pas les ingrédients manquants. Depuis l'abandon de la guerre physique, il y a trois lunes, la lutte est devenue plus dure, plus subtile, plus dangereuse. Les deux camps rivaux de la planète s'affrontent sur un terrain beaucoup plus difficile, celui de l'art gastronomique. Mais les ressources de l'astéroïde s'épuisent, et il a de plus en plus de mal a trouver les ingrédients. Il se rend compte que ce qu'il avait pris pour de la malchance est simplement une baisse alarmante des ressources. L'exploitation à outrance des gisements pratiquée par les deux camps durant les trois dernières lunes a asséché la planète. Aux batailles héroïques des premiers jours ont succédé les recherches sans fin des condiments introuvables.

Sa vision se brouille, il chancelle. Dans sa main droite, son ouvre-boîte tremble. L'horizon se trouble derrière sa visière chauffée à blanc, il trébuche, s'écroule dans le sable pulvérulent. Les nuages de poussière retombent lentement autour de lui, il ne se relève pas. Sa respiration saccadée couvre les avertissements des servomoteurs agonisants, il regarde sa main droite, l'ouvre boite à été éjecté par le choc. Les servomoteurs rendent l'âme, s'arrêtent dans un dernier grincement. Il tourne la tête pour apercevoir la cause de sa chute, une bouteille de ketchup. Dans un dernier soupir, il tend le bras a l'intérieur du scaphandre sarcophage, l'omelette ne sera pas terminée aujourd'hui.

Sur sa tombe on écrivit "Aroma, pour la Mort du Goût".