Il est 5h30.
Les esprits se sont engourdis, ont peu à peu sombré dans une léthargie de plus en plus calme. Tout le monde dors. Les volets sont clos, les rideaux tirés, les lumières éteintes. Les étoiles brillent pour mes seuls yeux.
Alors je leur parle. J'ai un auditoire gigantesque, des centaines de milliers de petits points suspendus au drap noir de la nuit, immobiles et scintillants, suspendus à mes lèvres. Elles ne m'entendent pas, elles m'écoutent simplement, elles ne me comprennent pas, se laissent porter par la musique des mots et des pensées.
Je leur parle de moi, du jour où je suis né, je leur parle de vous, du monde qui nous berce. Je leur raconte mes rêves, mes idées, mes pensées. Ces univers qui tournent en moi, sommes de mon passé, de mon présent et des mes avenirs. Ces contrées étranges que j'imagine, parfois décrit, ces atomes invisibles, brumes imaginaires, fantômes entrevus, je les façonne, les modèles et les dis.
Le temps s'écoule, s'égraine, s'échappe. Dehors rien ne bouge, la nuit a tout figé. A l'est l'horizon pâli lentement, faible écho du soleil qui déjà apparaît, un peu plus loin, là bas. Quelque part en ville, là où la vie trépigne, déjà des gens se lèvent, commencent leur journée, entament leur café. Ici pourtant la nuit refuse de m'accueillir. Elle m'entoure pourtant, emporte tout ces gens, les enveloppe dans son manteau ouaté, les berce, puis les oublie. Mon heure viendra bientôt, plus tard, juste un peu décalée. Je dormirais le jour, ferais semblant de rien, ignorant le soleil, attendant les étoiles que je retrouverais, demain. |