Quand le feu du sang se répand sur la langue et s'échappe, comme une fontaine insatiable et torride de mots incompris mais jamais retenus qui jaillissent et courent jusqu'au ciel pour mes seules oreilles. Personne ne m'entend, mon esprit se déchaîne, déverse ses idées sans discontinuer, crée des phrases qu'il jette, qu'il dévide sans fin sans plus s'en inquiéter. Un immense ruisseau qui coule derrière moi, rejoignant l'océan de ce ciel étoilé. Des phrases sans histoire, qui n'existent que pour elles, pour mon coeur et pour moi. Mon cerveau qui s'emballe, se libère et gémit, ma langue se délite et mes paroles volent, le soleil se couche, témoin de mon délire. Les nuages frivoles dansent à travers le ciel, mouchetant le soleil qui de rouge se ternit. Comme une grosse libellule, un avion se profile, énorme masse volante suspendue dans les airs, il semble immobile, flottant entre deux eaux. Bientôt le grondement qui le porte s'amplifie, indiquant son progrès, et déjà il grossit, il est tout près de moi, je pourrais le toucher, comme une maquette parfaite je le vois descendre, puis disparaître en un instant derrière les frondaisons. La fontaine se tarit, ma langue s'affaiblit et mon cerveau s'endort, le soleil se couche et mon sang refroidit. Ici s'arrête mon oeuvre, ce délire d'un soir couché sur le papier, faible écho de ces mots qui de ma bouche sont nés, pour moi, pour mon coeur et pour l'éternité.
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