Villeurbanne, 7 septembre 1995.
Une bombe à base de gaz et de clous explose devant un lycée, cinq minutes avant la sortie des élèves ; défaut de programmation. Depuis deux mois, les attentats terroristes se multiplient.
Lyon, Presqu'île, 7 septembre 1999.
Les magasins ont disparu sous les vitres blindées et les parois métalliques renforcées, boulonnées à même la pierre. Depuis deux ans, la fièvre du barricadement sévit, les rideaux de fer électrifiés sont obligatoires, tous les magasins sont protégés par des systèmes de sécurité élaborés. Les maisons d'habitation n'ont plus de fenêtres, simplement une porte à laquelle on accède en descendant quelques marches. Les immeubles non protégés sont effondrés ou ouverts à tout vent, fenêtres pulvérisées, portes arrachées, appartements pillés et dévastés. Le métro ne fonctionne plus, déchiqueté par les bombes. Les stations souterraines sont effondrées ou servent d'abris à ceux qui savent y pénétrer. Les panneaux sont arrachés, pliés, couverts d'inscriptions. Les feux ne fonctionnent plus, tordus ou simplement démontés. Il n'y a plus de voitures, seuls des véhicules blindés que seuls quelques privilégiés peuvent s'offrir circulent, masses de métal noir glissant silencieusement le long des trottoirs. Les bus ne roulent plus, ils jonchent la chaussées, éventrés et carbonisés.
12h, John sort de l'usine où il travaille, fabrique de boucliers personnels destinés à préserver des agressions extérieures. Le crépitement des flammes et le grésillement des boucliers composent le fond sonore de la presqu'île. Il marche le long de cette rue autrefois commerçante et aujourd'hui couverte de débris. Il se dirige vers un des bunkers qui bordent l'avenue.
Après avoir présenté sa carte devant l'oeil électronique il pousse la porte blindée qui si déverrouille dans un chuintement de gaz comprimé et s'engage dans un long corridor métallique. Il arrive devant le petit microphone qui transmet sa commande.
Après avoir introduit son ticket dans l'appareil encastré dans le mur, il récupère son déjeuné dans le casier blindé qui s'ouvre automatiquement sous l'impulsion de la caissière, protégée par cinquante millimètres d'acier clouté. John sort de la boulangerie, après avoir mangé il se dirige vers une des dernières poubelles de la ville. Certaines ont été brûlées, d'autres enlevées par la police avant quelles ne soient décimées par les commandos terroristes armés. Il laisse tomber son sac plastique sur le tas d'ordures débordant de part et d'autre des ouvertures de la poubelle.
Déclic.
Le bras suspendu au dessus de la poubelle, John ferme les yeux.
Un éclair fulgurant déchire l'air, les vitres de l'agglomération volent en éclat sous l'onde de choc. La déflagration arrache les façades des immeubles, la pierre se racorni sous les vagues de chaleur fulgurante qui déferlent sur la ville. Les passants s'immobilisent, momifiés puis éparpillés par le souffle infernal. Un gigantesque cratère noir s'ouvre comme un vortex au milieu de la presqu'île, dévorant toute vie en s'agrandissant comme un cancer de feu. Un grondement sonore né des entrailles du tourbillon fait trembler la plaine dévastée. Une colonne de feu et d'eau se dresse au milieu de la ville, portée par la puissance destructrice qui se déchaîne encore au coeur des flammes. Une main invisible renverse les immeubles comme des châteaux de cartes, le béton liquéfié tombe en cataractes, recouvrant les rues déchirées qui présentent les entrailles de la ville au feu de l'enfer.
Au même instant, des centaines de bombes explosent dans toutes les grandes agglomérations du monde.
7 septembre 1999. Les terroristes découvraient la bombe à propagation.
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