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Adieu mes frères - Le dernier mercenaire - Kyrlian 2002

Les cendres de votre empire se dispersent aux quatre coins de l'univers. les citées que vous avez bâti se désagrègent et tombent en poussière, jonchant les pleines désertes qui sèchent au soleil des novae qui implosent. L'union de la paix a volé en éclat, attaquée et détruite par une guerre de furies. Les vaisseaux et les nefs on lutté sans merci, les hommes contre les hommes, des amis et des frères qui luttent et s'entre-tuent.

J'entends encore le bruit des canons, la D.C.A. qui crache les flammes et la mort, les corps qui tombent sous les vaisseaux fumants. Les lasers silencieux qui percent les coques, laissant le vide froid envahir les gigantesques citées spatiales, gelant les hommes, les femmes, les enfants réfugiés au milieu de l'espace. Je vois encore les gerbes de lumière, les éclairs aveuglants des étoiles qui explosent, des nuages de feu qui jaillissent et embrasent le ciel. Les immeubles noirs qui s'éventrent et s'effondrent, emportant dans leur chute des pans entiers de ville. J'entend encore les coups sourds de ces villes qui tombent, des chars qui écrasent, des ponts légers qui craquent sous le pas des soldats en armures de combat. Je vois les gantelets qui tranchent, les blindages luisants, les champs de forces qui miroitent sous les coups des roquettes et le doigt brûlant des lasers, la poussière des bombes, les cratères des obus, les rafales de balles qui mitraillent la nuit.

Je me rappelle mon maître, mes élèves, mes amis. Les troupes d'élite que j'ai formé pour tuer, pour conquérir, pour changer la couleur des points stratégiques sur une carte de l'empire. je me rappelle mes mots, j'entends mes exhortations, les entraînements, la perfection de notre art. de notre art de tuer. Mes mains ont encore la marque des combats, les éraflures laissées par les coups de mes ennemis forment un fin réseau sur la résine noir de mon armure. A mon bras droit, une longue ligne de têtes de morts stylisées retrace mes victoires successives en duel. Face à face. Seul mon compteur interne est un faible écho du nombre réel de vies que j'ai pris lors de ces guerres.

Aujourd'hui je suis seul. Je suis le dernier du corps d'action que je commandais. L'homme et la femme avec qui j'ai combattu durant les douze dernières années sont tombés, la tête tranchée par un laser de défense d'un porte-nef ami, désintégré par l'explosion d'un réacteur tesla en phase terminale. Les cinquante autres escadrons ont disparu, égarés sur des planètes mortes, perdus derrière des étoiles fissiles, écrasés par des croiseurs en sortie de saut, emportés dans le sillage de navires planètes. Un à un les vingt neuf points qui formaient mon monde se sont éteints, palpitant un instant dans un ultime appel au secours avant de devenir rouge, puis noirs. Aucun élément d'équipement récupérable.

La lutte s'est étendue, des provinces aux planètes, des alliances aux galaxies, d'un monde à l'univers. La puissance des hommes au service de la mort, des étoiles qui explosent et des soleils qui meurent, des planètes en poussière et des hommes en furie. La vie était partout, de cette vie est né la mort qui l'a tué. Les empires sont tombés, les citées ont brûlé, des mondes ont disparu, emportés par la folie des hommes qui les ont créés. J'étais un mercenaire, une machine de mort précise et efficace, je combattais pour moi, sans pays, sans patrie. Maintenant je suis seul. J'ai vécu isolé dans une mer de sang, dispersant les espoirs et semant la terreur, luttant pour le plus riche sans choisir mes proies. Membre d'une confrérie de vengeance et de mort, une école de pleurs au squelette d'acier, une famille de tueurs aux épaules carrées, noires et aux réflexes mortels. Je n'étais plus humain depuis le début des combats, je n'étais plus humain depuis mon premier choix. Je suis le seul survivant de ma race.

Mon armure scaphandre recycle ma vie, maintiendra mon cauchemar aussi longtemps qu'un soleil continuera à disperser son énergie et nourrir mes batteries, je flotte dans l'espace comme un dernier souvenir de ce que fut ma civilisation, contemplant des mondes qui ont tué pour leur survie, sans jamais cesser de lutter avant qu'il ne soit trop tard, avant que je ne sois seul, dernier témoin de l'apocalypse.